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vendredi, 08 février 2013

Hachtaquetamère

 

hashtag, twitter
Source : Direct Matin, jeudi 24 janvier 2013

 

jeudi, 07 février 2013

To or from virtuality

One is real blended into virtual.

Another is virtual dropping into real.

The last is mixed up (and messed up).

And they are no joke.

 

From real to virtual.jpg
(Source : Direct Matin, mercredi 9 janvier 2013)

 

 

From virtual to real.jpg
(Source : Direct Matin, mercredi 9 janvier 2013)

 

 

agression filmée-.jpg
(Source : Direct Matin, jeudi 17 janvier 2013)

 

mercredi, 06 février 2013

L'homo parisianus - Le Monde

 

homo parisianus, tour eiffel, paris, champs elysees, pavés, pont bir hakeim, pont alexandre 3, grand roue
Crédits photographiques Karim Hobeika

 

Extrait de "L'Homo Parisianus",16 novembre 2012, Stéphanie Marteau, LeMonde.fr

Source : http://www.lemonde.fr/style/article/2012/11/16/l-homo-par...

 

Difficile de dresser un portrait de Paris et ses habitants sans faire de généralités. Pas un arrondissement qui n'ait le même profil, pas un Parisien qui ne ressemble à un autre. Mais en brossant la ville à gros traits, on la dépouille déjà de quelques clichés. Notamment de l'idée que, trop chère, elle serait désertée. Selon le dernier recensement de l'Insee, la population parisienne s'est accrue de 10 900 habitants en 2009. Preuve que la Ville Lumière aimante encore. C'est qu'elle concentre plus fortement qu'ailleurs les emplois qualifiés, une offre sociale et culturelle performante, et un maillage de transports très dense. Un dynamisme conforté par les statistiques, qui fait mentir ceux qui la dépeignent en ville-musée. [...]

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika



  • Le jeune cadre connecté

Premier constat, Paris est une ville jeune. 27,6 % de la population a entre 20 et 34 ans. Dans les 2e et 11e arrondissements, ils représentent même plus d'un tiers des habitants. Mobiles, plus diplômés qu'ailleurs (67 % des moins de 30 ans sont diplômés du supérieur), ils sont aussi plus offensifs dès qu'ils mettent un pied dans le monde du travail. Et comme Paris concentre la plupart des sièges sociaux des grands groupes, 42,4 % de la population active y est cadre. 17 % sont ingénieurs ou consultants, 8,4 % travaillent dans la banque ou l'assurance. Les autres font carrière dans les services, notamment dans les secteurs de l'information ou de la communication. Le jeune cadre parisien ne lit plus la presse (le nombre de marchands de journaux a chuté de 14 % en dix ans), il s'informe en ligne. Il est tellement connecté que les boutiques de téléphonie ferment les unes après les autres, le marché parisien ayant atteint son seuil de saturation. Evidemment, le cadre parisien est pressé et roule trois fois plus souvent que les autres Franciliens à deux-roues. Grâce à lui, la restauration rapide explose (+28 %), la vente de sushis prospère (+17 %) et le nombre de supérettes ouvertes de 8 h à 22 h a bondi de 16 %. Par son style de vie, il a plus en commun avec un New-Yorkais qu'avec un Marseillais. Par son niveau de vie aussi d'ailleurs : parmi les ménages ayant accédé à la propriété à Paris ces dix dernières années, l'énorme majorité est cadre et célibataire.

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika


  • La working girl avec enfant

Active, indépendante, la Parisienne est une femme émancipée... Et attentive à son apparence. Centres de bronzage, salons de massage, spas : le secteur du "bien-être" est en hausse de 29 % dans la capitale. Elle a son premier enfant à 32 ans, contre 30 ans en province. Voire plus tard : 15 % des mères d'enfants nés à Paris en 2008 avaient plus de 37 ans. Conséquence d'un investissement professionnel important, résultat des recompositions familiales... près de la moitié des Parisiennes n'ont qu'un enfant. Elles préfèrent le pacs au mariage (2 pour 1), mais ne divorcent pas plus qu'ailleurs. Fait notable, la tendance observée chez les familles depuis cinquante ans s'inverse timidement : elles réinvestissent la capitale (+5 % ces dix derrières années), quitte à aménager dans des souplexes ou à investir dans des lits superposés (41 % des familles sont en situation de suroccupation). Comme son conjoint, la Parisienne travaille : 76 % des couples sont bi-actifs, 80 % des élèves déjeunent donc à la cantine. 81 % des mères avec bébés de moins de 3 ans ont une activité : un record ! Pourtant, une Parisienne sur quatre vit seule avec son enfant. Mais la ville offre davantage d'équipements d'accueil pour les jeunes enfants (32 % vont à la crèche), de logements sociaux et d'aides socio-éducatives qu'ailleurs. Dernière statistique à méditer : du lundi au samedi, les femmes parisiennes se déplacent plus que les hommes pour les achats du quotidien, les formalités administratives ou l'accompagnement des enfants.

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika

 

  • L'étranger en quête d'eldorado

En 2012, le visage du Parisien prend de plus en plus souvent les traits d'un immigré originaire du Maghreb, d'Afrique subsaharienne ou d'Asie. Selon l'Insee, 38 % des habitants de la capitale âgés de 18 à 50 ans étaient immigrés (20 %) ou enfants d'immigrés (18 %) en 2007. Et la part de la population étrangère est plus importante à Paris (15 %) que dans d'autres grandes villes. Ces dix dernières années, le nombre de naturalisations y a augmenté de 4 %. Grâce à un marché du travail dynamique, y compris dans des secteurs peu qualifiés, la capitale demeure attractive pour les étrangers et les scores du FN y sont toujours bien en dessous de la moyenne nationale. Fait marquant : 52 % des immigrés vivant à Paris sont des femmes, de plus en plus jeunes et qualifiées, qui n'arrivent plus dans le cadre du regroupement familial. Les immigrés originaires d'Afrique et notamment du Maghreb restent essentiellement implantés dans le nord-est populaire de la capitale. Les Asiatiques, eux, investissent les beaux quartiers du centre (2e, 3e arrondissements) et de l'ouest parisien (16e). 26 % des ménages d'origine immigrée résident dans un logement suroccupé. La vie à Paris demeure plus difficile pour ces familles d'origine extra-européenne : 32,6 % d'entre elles vivent sous le seuil de pauvreté. L'accès à l'emploi est complexe : bien que la situation s'améliore, 16 % des immigrés sont au chômage (contre 9 % des non-immigrés).

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika


  • Le beurgeois

Malgré la crise, les jeunes issus de l'immigration sautent de plus en plus souvent dans l'ascenseur social. Ainsi, 26 % des immigrés parisiens actifs sont cadres ou exercent des professions intellectuelles supérieures, postes auxquels ils accèdent plus facilement que dans le reste de l'Ile-de-France. Une petite bourgeoisie d'origine africaine, notamment maghrébine, émerge. S'il n'investit pas encore les quartiers les plus prisés de la capitale, le beurgeois parisien évolue sans heurts dans une ville multiculturelle où les valeurs progressistes sont plus ancrées qu'ailleurs. Individualiste, il associe souvent un mode de vie urbain à la pratique d'un islam culturel qui fait de lui une cible marketing : dans les supérettes parisiennes, plats cuisinés, pizzas et foie gras halal lui sont destinés.

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika


  • Le bobo écolo

Les 300 ruches juchées sur les toits de Paris, la Fête des voisins, les jardins partagés, c'est lui. Le bobo écolo, nouvel urbain, est souvent un "intello-précaire". A moins qu'il ne travaille dans l'administration publique, grande pourvoyeuse d'emploi à Paris (1 emploi sur 4). Il vit dans un logement modeste, le loyer moyen d'un appartement (20,80 €/m2 selon l'Observatoire des loyers) étant nettement plus élevé qu'en grande banlieue (12,40 €/m2). A la différence du cadre, le bobo n'a pas les moyens de rester à Paris quand il fonde une famille, et s'exile généralement en petite couronne. En attendant, c'est grâce à ce consommateur exigeant que le nombre de cavistes, vendeurs de produits régionaux et producteurs bio a bondi de 13 % dans la capitale. Le nouvel urbain effectue 55 % de ses déplacements à pied (moins de 40 % des ménages déclarent disposer d'au moins une voiture, un chiffre qui ne cesse de baisser). Il est donc installé près de son travail et de ses lieux de socialisation (galeries d'art, local associatif). Quant au vélo, il ne compte que dans 3 % des déplacements (4 % le dimanche).

 

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Crédits photographiques Karim Hobeika

 

  • Le SDF

Les sans-abri sont malheureusement des figures éminemment parisiennes : ils sont plus nombreux dans la capitale que dans les autres grandes villes françaises, où l'accompagnement médico-social est moins développé. Selon l'Insee, 5 000 personnes seraient sans toit à Paris. Elles se concentrent essentiellement dans le centre-ville et aux abords des gares. Le principal regroupement suit le canal Saint-Martin, de République à Stalingrad, en passant par la gare de l'Est et le square Villemin, dans le 10e arrondissement. Accompagnant la gentrification de la capitale, le mobilier urbain devient un élément de lutte contre l'installation des SDF : bancs penchés, arrosage automatique des pelouses... Selon l'observatoire du Samu social, 83,3 % des SDF parisiens sont des hommes, 13 % ont entre 18 et 25 ans. Une étude de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) montre aussi que 13% des sans-abri ont un emploi. Bien que les familles roms soient très visibles, la moitié des SDF parisiens est de nationalité française. En 2009, le collectif Les morts de la rue a recensé une centaine de décès à Paris. L'espérance de vie d'un SDF est de 49 ans.


Tout l'enjeu politique dans la capitale consiste à maintenir le lien entre des catégories de plus en plus hétérogènes. Une fonction assurée traditionnellement par la présence d'une classe moyenne administrative, grâce à laquelle la capitale fonctionne. La Ville de Paris leur réserve en priorité ses logements (notamment aux éboueurs et aux auxiliaires puéricultrices, les uns à cause de leurs horaires, les autres en raison des difficultés de recrutement). Les salariés de l'AP-HP, de la SNCF et de la RATP sont eux aussi logés par leur entreprise. Pour les sociologues, c'est le retour de ces "travailleurs-clés" qui permettra d'installer à Paris une mixité sociale pacifiée.

* Toutes les données de cet article sont issues d'études de l'Insee et de l'Apur.


 

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guitry mémoires d'un tricheur.jpgEt aussi, si ce n'a été fait cet été, relire les Mémoires d'un tricheur, Sacha Guitry :

http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/08/21/paris-et...

 

 

 

mardi, 05 février 2013

L'eau bleue des petits pois - Delerm

 

L'eau bleue des petits pois 3.jpg

 

Extrait de La première gorgée de bière, 1997, Philippe Delerm, Gallimard :

 

Aider à écosser des petits pois

[...]

C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tous près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher.

Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière. De temps en temps, on relève la tête pour regarder l'autre, à la fin d'une phrase ; mais l'autre doit garder la tête penchée - c'est dans le code. On parle de travail, de projets, de fatigue - pas de psychologie. L'écossage des petits pois n'est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes, mais c'est bien de prolonger, d'alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C'est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l'on s'étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis :

- Il y aura juste le pain à aller chercher.

 

L'eau bleue des petits pois 2.jpg

 

 

Delerm la première gorgée de bière.jpgSe procurer l'ouvrage :

La première gorgée de bière

Philippe Delerm

1997

Coll. L'Arpenteur, Gallimard

91 pages

http://www.amazon.fr/Premi%C3%A8re-Gorg%C3%A9e-autres-pla...

 

lundi, 04 février 2013

Le temps des cigognes

 

procréation,amour

 

 

Extrait de "Du temps des cigognes à celui des éprouvettes", Soline Roy, Le Figaro, lundi 19 novembre 2012 :

 

Au XIXe siècle, Charles Pajot reçoit une jeune fille de bonne famille, vierge comme il se doit mais... enceinte. Le professeur d'obstétrique trouvera une explication simple : la demoiselle ayant longuement voyagé au côté de son amoureux, les "graines" de ce dernier ont cheminé jusqu'à elle sur le siège de la calèche... Des histoires comme celles-ci, Jacques Gonzalès, professeur de médecine et historien, nous en livre pléthore dans la réédition actualisée de sa jubilatoire Histoire de la procréation humaine - Croyances et savoirs dans le monde occidental (Ed. Albin Michel).

Car de l'Egypte antique à l'orée du XXe siècle, les théories les plus farfelues se sont affrontées. La femme a-t-elle des testicules ? Le plaisir joue-t-il un rôle dans la conception ? Le sexe de l'enfant à venir dépend-il de l'usage du testicule droit, ou de la position de madame durant le coït ? Pour Buffon, les menstrues régulent l'abondance de nourriture ; les animaux en évacuent l'excès par la pousse des poils, les femmes... par leurs règles ! Et puis, combien de cavités dans l'utérus ? Les trompes sont-elles des soupiraux permettant au foetus de respirer ? D'où vient que certains enfants naissent malformés ? Ambroise Paré attribue cela aux quantité et qualité de la semence : pas assez, il manque une jambe, trop, on obtient des siamois... Les semences de l'homme et de la femme ont-elle la même importance ?

En 1672, la description de l'ovulation est faite : la femme serait donc capable d'engendrer seule ? Mais cinq ans plus tard, Antoni van Leeuwenhoek fait part d'une extraordinaire découverte : dans le sperme s'agitent de minuscules "animaux spermatiques" ; d'aucuns en déduisent que voilà des humains miniatures, qui ne demandent qu'à grandir à l'abri d'un utérus...

Enfin, en 1875, Oscar Hertwig perce les secrets de la reproduction sexuée en observant la fécondation d'un oeuf d'oursin. Surprise : un plus un égal un ! Certaines prouesses n'auront pourtant pas attendu. En 1758, un Allemand annonce avoir fécondé artificiellement des truites ; en 1780, Lazzaro Spallanzini injecte, avec une seringue, la semence d'un chien barbet dans la matrice d'une femelle de la même espèce, non sans susciter enthousiasme et perplexité chez son ami Charles Bonnet : "Je ne sais pas si ce que vous venez de découvrir n'aura pas quelques jours, dans l'espèce humaine, des applications auxquelles nous ne songeons pas et dont les suites ne seront pas légères..." La prédiction se réalise dès 1791 : une femme dont le mari souffre d'une malformation du pénis se fait inséminer avec le sperme de son époux, et en obtient un fils.

A la fin du XIXe siècle, on comprend enfin qu'ovule et spermatozoïdes apportent chacun le même nombre de chromosomes. Puis on commence à découvrir les hormones. 

Aujourd'hui on clone, on congèle des ovocytes, on sélectionne et on implante des embryons, on rêve d'utérus artificiels... Mais au fond, la médecine ne fait que répondre, de mieux en mieux, aux deux extrêmes qui l'ont toujours préoccupée : permettre à des couples de procréer, à d'autres de ne pas le faire.

L'humain s'est longtemps soumis à des recettes mi-grand-mère; mi-sorcière. Ainsi les Egyptiens préconisaient de faire s'asseoir la femme sur des restes de farine mélangés à de la bière ; vomira, vomira pas ? Elle est stérile ou ne l'est pas... "La fertilité du cerveau dépasse très largement celle des gonades les plus prolifiques", écrit Jacques Gonzalès. Ne nous moquons donc pas trop de nos prédécesseurs : il pourrait bien se trouver, au XXIIe siècle, un auteur capable de se gausser des connaissances de 2012 sur le développement de l'embryon. Et surtout, continuons de rêver en voyant passer les cigognes...

 

nez volé.jpg

 

dimanche, 03 février 2013

Dans le même bain

saint esprit, colombe, baptême, christ, jean, baptiste
Marque-page 

 

Baptême du Seigneur, semaine du 13 au 19 janvier 2013 :

"Dans le même bain", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy 

 

Pourquoi le Christ, le Saint, l'homme pur de tout péché, a-t-il besoin d'entrer dans les eaux de la pénitence ? Laisse faire, dit Jésus à Jean Baptiste, car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice (Mt 3, 15). La justice de Dieu, c'est d'entrer dans le même bain que les pécheurs. La plongée du Christ dans les eaux du Jourdain signifie sa volonté de descendre dans les profondeurs de la mort afin de nous ouvrir à la Vie éternelle : Voici que les cieux s'ouvrirent, il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux une voix disait : Celui-ci est mon Fils bien aimé, en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3, 16-17).

Le Christ a enraciné l'amour de Dieu aux entrailles de la terre. Il a ouvert à la terre les portes du Ciel. Nous aussi, par notre baptême, nous sommes entrés dans cette terre sainte où nous sommes devenus enfants de Dieu et temples de l'Esprit. Le baptême ne donne pas des "valeurs", il arrache à la mort et fait entrer dans la Vie. Tous, même ceux qui ont vécu le catéchuménat, nous avons reçu le baptême comme une grâce, un don purement gratuit. "Baptisés vous ne l'êtes pas par hasard, mais parce que c'est le choix de Dieu (...) c'est une grâce et une joie et il est très triste de la vivre comme une servitude" disait le cardinal Lustiger dans sa dernière homélie à Notre Dame, en février 2005.

De même qu'il nous a été donné de naître, il nous a été donné de renaître. Ce n'est pas nous qui avons planté l'arbre de notre vie, mais il nous appartient de le faire grandir, de choisir nos racines. De l'enracinement dépend la croissance. Nos racines ne sont pas seulement de chair et de sang, mais d'eau et d'Esprit. Nous vivons trop souvent, nous chrétiens d'Occident, dans la liberté factice de ne pas cultiver nos racines, croyants non pratiquants, non engagés, alors même que nous avons beaucoup reçu. Beaucoup ont scié la branche qui leur donnait un nom et un visage et ne font qu'errer dans une "insoutenable légèreté de l'être" selon le mot de Milan Kundera. Le regard de nos frères d'Orient martyrs se pose douloureusement sur notre Occident endormi. [...]   

 

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07:58 Publié dans Foi | Lien permanent | Commentaires (1)

samedi, 02 février 2013

Ta face de bouc pas amoureux

 

Santa saw your FB, you're getting a Bible.jpg

 

Extrait de "Comment Facebook bouscule la vie sentimentale", Pascale Senk, Le Figaro, lundi 19 novembre 2012 :

 

Non, les amoureux ne sont plus seuls au monde ! Avec 526 millions de personnes se connectant quotidiennement sur Facebook, chacun a désormais plus ou moins une chance de voir toute sa vie sentimentale commentée et influencée par le regard des autres.

Une "chance" en effet pour un grand nombre d'utilisateurs qui n'hésitent pas à envoyer des posts (messages) pour "booster" leur union. Cyril, 49 ans, a rencontré il y a trois mois chez un commerçant de son quartier une jeune femme avec qui il entame une liaison amoureuse. Quotidiennement, il "poste" sur son "mur" (sa page personnelle) une photo ou une vidéo de sa nouvelle conquête : à la table du petit déjeuner, au volant de sa voiture, devant un monument récemment visité... A chaque fois, il ajoute à ses publications quelques mots : "Love you", "tu me manques", ou "j'aime ta bouche"... Ses amis en rajoutent : "Quelle est belle", "bravo, garçon, tu tiens le bon bout !" et autres satisfecit...

Pour le psychiatre Pascal Couderc, qui vient d'écrire avec Catherine Siguret L'Amour au coin de l'écran (Ed. Albin Michel), le premier impact du plus célèbre des réseaux sociaux réside dans cette puissance d'amplification des sentiments et des émotions. "On peut parler ici d'hystérisation, avance-t-il, dans le sens où l'utilisateur attend un retour qui "enflammera" la relation, à la fois aux yeux des autres, mais surtout pour lui-même."

[...]

Résultat : à force de galvaniser ses ressentis, l'amoureux sur Facebook se sent "lui, en mieux". Une récente étude menée par le psychologue Keith Campbell de l'Université de Géorgie a d'ailleurs montré que l'estime de soi était augmentée chez les utilisateurs de Facebook. De là à se sentir pousser des ailes... "La tentative de maîtrise de ce que l'on ressent et de ce qu'on en donne à voir devient omniprésente sur le réseau, observe Pascal Couderc. Mais, en réalité, la situation peut vous échapper à tout moment, il y a tellement d' "autres" !". Et le psychologue d'y voir là l'une des raisons de la grande précarisation des relations via le réseau.

Hélène, 40 ans, en a fait les frais. Lorsque son compagnon depuis quatre ans a décidé de la quitter, elle est allée, effondrée, mettre en lien une chanson qui parlait de chagrin d'amour, manière d'exprimer à ses amis ce qu'elle ressentait sans vraiment le dire. Quelques heures plus tard, son compagnon a enlevé la mention "en couple" de son profil. Il était, en seulement un coup de clic, redevenu "célibataire" aux yeux de tous. Et il a exclu sa compagne de sa liste d'amis. "Ca a été comme un coup de poignard, se rappelle Hélène, pire que quand il m'a dit "je ne t'aime plus" en face à face." Le jour où, avec ses filles, elle a déménagé ses meubles de l'appartement commun, son compagnon a mis un post : "Les hyènes sont au travail." Une expression regrettable, qui a incité les enfants à ne plus lui parler du tout.

Quand les dires sont moins clairs, la situation s'envenime tout autant. Ne pouvant s'empêcher, grâce aux codes d'une amie, d'aller vérifier sur son mur la nouvelle vie de son "ex", Hélène s'est fait beaucoup de mal. "Je vérifiais les femmes avec qui il était ami, celles avec qui il échangeait beaucoup de posts, j'interprétais tout de travers..." Des ruptures interminables et difficiles constituent ainsi un risque pour de nombreux utilisateurs du réseau. Une étude récente a prouvé que ceux qui restaient amis avec leur ex et continuaient à avoir un "oeil" sur le mur, et donc la vie de celui-ci, se remettaient moins facilement de leur peine amoureuse.

Pour Pascal Couderc, cette inscription sur la durée des affects est l'un des aspects les plus pernicieux du network : "On pense, lorsque l'on écrit sur Facebook, que nos propos sont éphémères, et comme délébiles. En réalité, comme un graffiti, ils restent gravés sur un mur." Et le psychologue de conseiller à ses patients : "N'oubliez jamais, quand vous commentez quoi que ce soit, que c'est comme si quelqu'un regardait par-dessus votre épaule." 

 

law firm names for divorce.jpg

 

 

Extrait de "Le lien numérique prend de plus en plus de place", propos de Pascal Lardellier recueillis par P.S., Le Figaro, lundi 19 novembre 2012 :

 

[...] quand son créateur Mark Zuckerberg a fait rajouter le statut qui indique si l'on est "en couple", "marié", "célibataire" ou si dans sa vie affective, c'est "compliqué", il a clairement mis en concurrence Facebook avec les sites de rencontres traditionnel. Tous ces codes permettent de marivauder. En ce sens, oui, les réseaux sociaux sont, par détournement, de véritables outils de drague. D'ailleurs, en Grande-Bretagne, un divorce sur cinq mentionne une "problématique" Facebook.

Pour les couples installés, que provoque la fréquentation d'un tel réseau social ?

Elle peut soit intensifier le lien amoureux, soit le dégrader. Aujourd'hui, de toute façon, tout couple vit une forme de "tyrannie du branchement" : nous sommes assignés à envoyer des SMS à notre conjoint, ils fonctionnent comme de petites caresses, et ainsi le lien numérique prend de plus en plus de place dans notre manière d'être avec l'autre. Il prolonge et renforce le lien amoureux. Combien s'inquiètent dès qu'ils n'ont pas reçu de réponse à leur texto ? Sur Facebook, notre histoire d'amour est scénarisée. Tous les voyeurs y sont convoqués, et on peut montrer où nous en sommes affectivement comme dans une bonne série TV.

C'est donc plutôt positif ?

Oui, même si par certains aspects les réseaux sociaux sont la téléréalité du pauvre, ils permettent de transformer sa vie en une sorte de roman. On voit certains couples s'ennuyer dans la "real life" et avoir une histoire torride, ensemble mais parallèlement, dans la réalité virtuelle, où les partenaires multiplient les connexions numériques. Autre point positif : le soutien communautaire produit par les amis numériques. Nos chagrins, nos engagements amoureux, nos malheurs sont commentés en ligne. Ils produisent des liens. C'est une nouvelle preuve que les réseaux sociaux font leur lit là où les structures traditionnelles de soutien (la famille, les collègues de bureau, etc.) sont défaillants.

Pascal Lardellier est professeur à l'Université de Bourgogne, spécialiste des nouvelles technologies. Il vient de publier Les Réseaux du coeur. Sexe, amour et séduction sur Internet (François Bourin Editeur).

 

light bulb et interrupteur.jpg