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mardi, 03 juillet 2012

Le destin fabuleux de Désirée Clary - Guitry 2/2

 

Le film est d'un tenant mais la transcription de pareil chef d'oeuvre demande la place de deux parties... 2/2

 

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Film : Le destin fabuleux de Désirée Clary (1941, durée 1h50)

Réalisateur : Sacha Guitry 

Désirée (Gaby Morlay), Désirée jeune (Geneviève Guitry), Julie Clary (Yvette Lebon) 
 
Bonaparte (Jean-Louis Barrault), Bernadotte (Jacques Varenne), Talleyrand (Jean Périer), Fouché (Noël Roquevert) 
 
Le conteur (Sacha Guitry) 

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Napoléon : J'ai prié votre altesse royale de bien vouloir se déranger pour répondre à la question suivante : que faites-vous encore à Paris, madame, alors que Bernadotte est en Suède depuis six mois ?

Désirée : Mais rien, Sire. Je continue d'y vivre comme par le passé, n'ayant pas l'intention de me rendre à Stockholm.

Napoléon : Allons donc, ne sentez-vous pas l'inconvenance d'une pareille attitude ?

Désirée : Pourquoi considérer que c'est une attitude ? C'est une préférence. J'aime Paris, j'adore y vivre. Est-ce que votre majesté voit des inconvénients ?

Napoléon : Nnnnon. Mais peut-être trouverais-je des avantages si vous étiez là-bas.

Désirée : Est-ce une mise en demeure ?

Napoléon : Voudriez-vous que ce fut une prière ? Comprenez-moi bien, j'ai été séduit par la glorieuse vision d'un maréchal de France devenant roi et une femme à laquelle je m'intéresse devenant reine, et d'un filleul devenant prince. Laissez-moi le soin de régler votre départ. D'ici là je vous invite au dîner de famille que je donne tous les dimanches aux Tuileries. Et puis, qui sait, j'ai peut-être besoin que vous soyez là-bas ? Oui, et si j'avais besoin de vous ?

Désirée : Besoin de moi ?

Napoléon : Pourquoi donc pas ? Donnez-moi votre main.

Désirée : C'est la seconde fois que vous me la demandez.

Napoléon : Oui, mais la première fois, ce n'était que pour un mariage.

Désirée : Et cette fois-ci ?

Napoléon : C'est pour une alliance. Désirée...

Désirée : Sire...

Napoléon : Qu'est-ce que vous aimez le plus au monde ? Répondez-moi : la France.

Désirée : La France.

Napoléon : Bien, écoutez-moi.

 

Un mois plus tard, le 27 janvier 1811, Désirée faisait son entrée au palais royal de Stockholm. Accueillie par Bernadote, entourée aussitôt de mille prévenances, on lui laisse pas le temps de se changer un peu, ni de se recoiffer, car le vieux roi Charles XIII l'attend depuis trois heures, impatient de connaître enfin sa fille adoptive. Il ne faut même pas qu'elle retire son manteau, ni son chapeau s'ailleurs, car le roi veut la voir à son arrivée telle qu'elle sera venue de France. Il s'en fait une joie.

 

Désirée : Il parle le français ?

Bernadotte : Il n'en sait pas une syllabe.

Désirée : Vous comprenez vous le suédois ?

Bernadotte : Je n'en connais pas un seul mot.

Désirée : Alors comment vous y prenez-vous ?

Bernadotte : Il me parle en suédois, je réponds en français.

Désirée : Tiens.

Bernadotte : Attendez-vous à un accueil très paternel.

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Le roi de Suède : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù

L'interprète : Sa majesté demande à votre altesse son impression sur ce palais qui deviendra le vôtre un jour.

Désirée : Je le trouve bien beau, bien magnifique pour la fille d'un négociant de Marseille.

L'interprête : Bravo. 

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Bernadotte : Pourquoi as-tu quitté Paris ?

Désirée : J'ai...

Bernadotte : Oui, puisqu'il était convenu entre nous que tu resterais là-bas une année entière avant de me rejoindre. Pourquoi as-tu quitté Paris sans ma permission ?

Désirée : Mais parce que l'empereur m'en a pour ainsi dire donné l'ordre.

Bernadotte : Allons donc, et sans raison définie ?

Désirée : Ma présence à Paris semblait inconvenante, paraît-il, à beaucoup de personnes.

Bernadotte : Mmm-hmmm... C'est-à-dire qu'elle l'inquiétait lui probablement. Il se méfie de toi. Combien de fois l'as-tu vu depuis mon départ?

Désirée : Trois fois. Tu as eu mes lettres ?

Bernadotte : Combien m'en as-tu envoyées ?

Désirée : Quatre.

[...]

Désirée : Tu te méfies de moi, toi aussi ?

Bernadotte : Non. Non, mon enfant, non. Mais cela n'a pas d'intérêt pour toi. Ma petite Désirée, je vais te parler bien franchement.

Désirée : Je t'en prie.

Bernadotte : Comme tu ne m'es pas du tout nécessaire ici, et comme tu peux m'être extrêmement utile là-bas, tu vas me faire le plaisir de t'en retourner dans une quinzaine de jours.

Désirée : A Paris ?

Bernadotte : Oui.

Désirée : Entendu.

Bernadotte : Rentre sans prévenir personne. Montre-toi le moins possible. Ne fréquente que des personnes dont tu sois absolument sure. Tâche enfin qu'il ignore ton retour le plus longtemps possible. Tu seras partie d'ici pour raisons de santé.

Désirée : Bien, Parfait.

Bernadotte : As-tu reçu chez toi Talleyrand et Fouché ?

Désirée : Pas encore.

Bernadotte : Oh, je t'avais pourtant bien recommandé de le faire dans ma dernière lettre ! Je t'en conjure, ne sois pas négligeante, chérie. Enfin, voyons, tu ne peux pas rester une enfant toute ta vie ! Il faut que je puisse compter sur toi. Je ne te demande pas de mal agir, je te demande de m'aider. Efforce-toi de me comprendre à demi-mot : pour le bien de la France, il ne faut plus d'empereur. Ce n'est pas un titre français d'abord, il faut à la France un roi, mais la race des Bourbons est une race usée. Et je te supplie de ne pas perdre de vue mon unique ambition, le seul rêve de ma vie ici-bas, la raison enfin pour laquelle j'ai fait ce grand détour par la Suède. 

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Quelques semaines plus tard, Désirée est de retour à Paris. Et la voilà bientôt prise dans l'engrenage. Elle reçoit chez elle Talleyrand et Fouché, et suit les directives que son mari lui donne. Elle parle, elle écoute, elle se croit prudente et cherche à deviner les mobiles secrets de ceux qui la renseignent. Hélàs, elle est comme un jouet entre les mains de ces deux hommes pervers, prestigieux, subtiles. Elle a voulu jusqu'alors se venger de l'empereur et lui faire du mal un peu comme une enfant rageuse, mais sans y parvenir réellement en somme. Et voilà qu'aujourd'hui par la force des choses, elle devient responsable un peu des malheurs [...], les erreurs même qu'elle commet volontairement, tout se retourne contre celui qu'elle n'a jamais cessé d'aimer et qui depuis quinze ans n'a eu que des bontés pour elles. 

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Se rendant compte un soir du crime qu'elle commet, elle fausse compagnie à ses invités. Elle sera de retour avant une heure. Elle part.

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Et tente chez l'empereur, au milieu de la nuit, pour le mettre au courant, de cette nouvelle conspiration qui se trame contre lui, et à laquelle elle est mêlée, elle l'avoue. Mais, ne pourrait-elle pas peut-être le sauver, sait-on jamais ? L'empereur est au courant de déjà bien des choses, il se sait entouré d'espions, de scélérats, de traîtres, et rien ne l'étonne plus. Pourtant, s'il veut bien faire une expérience encore, il ne lui demande pas de trahir son mari, mais qu'elle tâche donc de savoir par Talleyrand s'il est exact que l'Angleterre assure à Bernadote un million de livres sterling par an s'il prend les armes contre la France. Elle le pense. Lui, l'empereur, il en est sûr, mais il voudrait savoir si Talleyrand le sait. Elle le lui dira demain. Talleyrand ignore-t-il qu'elle est venue le voir ?

Désirée : Oui.

Or Talleyrand ne l'ignorait pas car il l'avait fait suivre.

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Talleyrand : Ne jouez pas un double jeu, madame, prenez garde. L'empire est condamné, et votre altesse le comprend bien. La France court à grands pas vers une monarchie constitutionnelle. Or, quel homme montera sur le trône de France, si ce n'est celui qui l'aura délivrée du fléau qui la tue ? Et cet homme-là, vous ne voulez donc pas que ce soit Bernadotte ? Le mensonge, la délation, le crime lui-même, tout est permis quand l'intérêt de la nation se trouve en cause. Et pour ma modeste part, je n'ai jamais trahi que lorsque j'avais la moitié de la France pour complice.

Elle ne sait plus que faire. Les uns lui demandent de trahir l'empereur, l'empereur lui demande de trahir les autres, et celui-ci, comme les autres, lui dit que c'est pour sauver la France. Perdant la tête, elle trahit les uns, comme elle trahit l'autre.

Et voici que les événements vont se précipiter, tragiques, impitoyables. Tout d'abord, c'est le traité d'Alliance de la Suède avec la Russie, puis c'est la déclaration de guerre à la Russie trois mois plus tard. C'est l'entreprise téméraire, extravagante, c'est la retraite de Moscou en octobre 1812, c'est aussitôt l'alliance de l'Angleterre avec la Russie et la Suède ; de la Russie et de la Prusse avec l'Autriche, avec la Suède et l'Angleterre. C'est l'Europe entière en armes contre lui. C'est la lutte héroïque et vaine, c'est la défaite, le désastre. Enfin c'est Waterloo plus tard, c'est la France envahie, c'est Paris occupée.

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Et c'est alors l'abdication définitive de l'empereur, trahi de tous côtés, abandonné, vaincu. C'est enfin son départ. C'est l'offre de sa personne à l'Angleterre qui la repousse. Et c'est l'exile à Sainte-Hélène, et c'est la fin.

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Puis, l'ouragan passé, tout se calme, tout s'apaise, l'Europe pousse un immense soupir de soulagement. Le roi Louis XVIII, hypocondre et goutteux, vient reprendre la place sur le trône de ses ancêtres.

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Et voilà tout à coup qu'une autre Désirée se révèle inconnue.

Désirée : Non, non, non et non ! J'y laisserai ma vie s'il le faut, ma santé, ma raison, mais je veux racheter ma faute, et par n'importe quel moyen. Je tiendrai, qu'on allège un peu ses souffrances. Quant à quitter Paris, jamais, jamais-jamais !

- Votre réputation pourrait bien en souffrir.

Désirée : Ma réputation ? Ma conscience d'abord.

- Et cependant, madame, en raisonnant un peu...

Désirée : Messieurs mes conseillers, j'ai pour vous la plus vive estime, mais je ne veux rien entendre.

- Pourtant, si votre majesté daignait...

Désirée : Je ne suis pas une majesté, monsieur. Je suis une pauvre petite bourgeoise de Marseille qui a commis un crime et qui veut l'effacer.

- Mais quel crime avez-vous donc commis, madame ? Vous vous accusez bien à tort. L'empereur a son destin. On ne pouvait lui faire en vérité ni bien ni mal.

- Et vous n'êtes dans son malheur, madame.

Désirée : Non, j'y suis pour rien, c'est vrai, mais je l'ai souhaité.

 

¤     ¤     ¤ 

 

Et de 1815 à 1840, pendant vingt-cinq années, la  fiancée de l'empereur n'a eu que cette idée en tête. Or le roi Louis XVIII, de retour à Paris pour la deuxième fois, assitôt après les cent jours, a pris possession du bureau de l'empereur. Il en admire l'architecture, mais il est des détails qui lui sont bien désagréables, odieux même, il ne veut pas se parer des plumes du paon. Mais, quelqu'un se présente.  Accueillie par le roi, Désirée le supplie d'intervenir en faveur de celui qu'on tenait enchaîné là-bas. 

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Elle frappe à toutes les portes. A tous les cœurs, au cœur des femmes qui sollicitent ses confidences avec un intérêt qui n'est pas toujours exsang d'une certaine indiscrétion. Même on la vit un jour chez l'ambassadeur infléxible d'Angleterre. Devenue reine de Suède, elle continua de vivre à Paris incompréhensiblement, sous le nom de la comtesse de Gotland. Indifférente à l'opinion qu'on avait d'elle, elle se compromettait crânement, mais poursuivait son but. Elle revit Fouché. Eu l'honneur et la joie de connaître un soir Chateaubriand... 

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... Mais elle lassa le monde. Finit par ennuyer le duc de Richelieu qui lui rendit ses lettres. Et eut enfin les yeux ouverts un soir par Talleyrand.

Talleyrand : Mais non, madame. Votre majesté s'obstine en vain. Si voulez plaider sa cause utilement un jour, attendez au moins qu'il soit mort.

Désirée : Ah.

Hélas, il disait vrai. L'empereur entra dans la légende et devint immortel le 5 mai 1821 à six heures du soir. Dès lors, le monde libéré chanta sa gloire, exhalta son génie, et Désirée devint un peu le point de mire.

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Une femme : Vous qui l'avez connu, vous l'aimez aimé. Dites-nous, je vous prie ?

L'ambassadeur d'Angleterre : En vérité, c'était un homme fabuleux, l'un des plus grands soldats que le monde ait connu.

Un homme : Croyez-le bien, messieurs, l'ombre de Napoléon s'élèvera seule, à l'extrêmté du vieux monde détruit.

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Elle revit Marmont, Davout et rencontra le docteur Antomarchi qui avait assisté l'empereur à ses derniers moments. Il revenait de Sainte-Hélène et c'est par lui qu'elle connut la terrible phrase dictée par l'empereur.

Le docteur Antomarchi : "Vous direz que je suis mort dans l'état le plus déplorable, manquant de tout, abandonné à moi-même et à ma gloire. Vous direz qu'en expirant, je lègue à toutes les familles régnantes l'horreur de mes derniers moments."

C'est en entendant ces mots affreux que Désirée prit la décision de quitter la France et de rejoindre le roi de Suède, son mari.

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Désirée : Je ne te savais pas souffrant.

Bernadotte : Oh cela n'a pas été très grave. Et ça va beaucoup mieux déjà. Je t'attendais d'ailleurs.

Désirée : Tu m'attendais ?

Bernadotte : Oh oui, j'étais sûr que tu allais venir maintenant. Comment te portes-tu toi-même ?

Désirée : Oh, moi, je vais très bien.

Bernadotte : Tu sais ce qui m'est arrivé le jour de sa mort ? Eh bien, le 5 mai, à six heures moins dix exactement, du soir, j'ai ressenti au coeur une douleur très vive. S'il n'y avait pas eu des témoins, je ne mentionnerais pas le fait. Mais il est évident que j'ai eu le pressentiment de sa mort. Combien tu as dû souffrir toi-même.

Désirée : Combien je souffre encore.

Bernadotte : Oh, je le pense bien. Tu sais ce qu'il a dit de moi ? [...] Des choses horribles et très injustes ! Ce qu'il a dit de moi d'ailleurs, il a dû le regretter, car le docteur O'Mehara a bien voulu me transmettre la phrase la plus importante que l'empereur ait dite à mon sujet. Je l'ai copiée, tu penses bien. Attends, attends. Tu vas connaître aussi, oh trois lignes abominables, qu'il a dictées au docteur Antomarchi.

Désirée : Oh je les connais. "Je lègue à toutes les familles régnantes l'horreur de mes derniers moments".

Bernadotte : Oui-oui-oui-oui, ah tais-toi, je ne dors plus depuis qu'on me les a rapportées, ces lignes. Mais tiens, tiens, voici, la phrase du docteur O'Mehara qui, elle, efface tout. "Je peux accuser Bernadotte d'ingratitude, mais non de trahison." Oh, cela, il ne faudra jamais l'oublier, n'est-ce pas ?

Désirée : Jamais.  

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Vingt ans plus tard, devenus reine et roi de Suède à la mort du roi Charles XIII, ils gagnèrent l'estime et l'amitié de leurs sujets. Mais combien leur mémoire était restée fidèle. 

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La servante : Bien, votre majesté.

Désirée : Appelez-moi "madame" quand nous sommes seules.

La servante :  Bien, votre majesté. 

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Mais une autre pensée l'obsédait davantage à toute heure en tout lieu.

Bernadotte : Nous nous sommes détestés, tous les deux mais je ne l'ai pas trahi. J'ai agi en Suédois mais je n'ai jamais cessé de penser en Français. Ca a toujours été ma hantise du reste. Et c'est pour cela sans doute que je n'ai jamais pu apprendre le suédois.

[...]

Bernadotte : D'ailleurs, nous ne nous sommes pas réellement détestés, lui et moi.

Désirée : Mais non, j'en suis certaine.

Bernadotte : Et, vingt fois, nous avons failli nous jeter dans les bras l'un de l'autre.

Désirée : Oui mais voilà, il y avait quelque chose entre vous.

Bernadotte : Non, il y avait quelqu'un entre nous. Et si tu étais moins modeste, tu aurais deviné que c'était toi.

Désirée : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Bernadotte : Tu as toujours cru que je l'enviais, lui, sans jamais te demander si je n'étais pas jaloux de toi.

Désirée : Tu as été jaloux de moi ?

Bernadotte : Je n'ai jamais cessé de l'être.

Désirée : Oh...

Bernadotte : As-tu cessé, toi, de l'aimer ?

Désirée : Mais... pourquoi ne m'as-tu jamais fait d'observations à cet égard ?

Bernadotte : Pour te le faire aimer d'avantage ? Merci.

Désirée : Mais lui ne m'aimait plus.

Bernadotte : Mmmh, non. Mais on n'est jamais satisfait de voir au bras d'un autre celle qu'on a aimé.

Désirée : Ah... Je pensais bien qu'un jour tout retomberait sur moi.

Bernadotte : Pardon, pardon, mais je suis... si malheureux.

Désirée : Je le vois bien.

Bernadotte : Pense, j'étais maréchal de France, et je suis roi de Suède.

Et nous savons d'ailleurs qu'à son heure dernière, mais... n'anticipons pas.

Bernadotte : Qu'est-ce que c'est que ce pli ?

Désirée : Je ne sais pas. Tu dormais, on l'a déposé.

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Bernadotte : C'est la copie du testament de l'empereur que le roi Louis-Philippe me fait parvenir. Mon Dieu, il y a donc encore un Français qui s'intéresse à moi. "Je meurs dans la religion apostolique et romaine, dans le sein de laquelle je suis né, il y a cinquante ans."

Désirée : "Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé". 

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Désirée : Tu ne dors pas ?

Bernadotte : Oh non, du tout.

Désirée : Tu me demandais récemment ce que nous pourrions faire pour lui.

Bernadotte : Oui.

Désirée : Je pense à ce désir qu'il exprime si bien, que ses cendres reposent sur les bords de la Seine.

Bernadotte : Au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé moi-même. Tu as raison. Et je vois deux choses à faire, et tout de suite.

Désirée : Oui, dis.

Ce qu'il a fait, ce qu'elle a fait, jamais on ne le saura sans doute. Et d'autre part, quel a été le sens du voyage mystérieux de la reine de Suède dont la chronique s'est émue ? Et cette visiteuse voilée qui vint se jeter suppliante aux genoux du roi Louis-Philippe, qui était-elle ? Et le jour du retour des cendres de l'empereur, cette même personne voilée, qui se disait en sanglottant "j'y suis un peu pour quelque chose", n'était-elle pas Désirée Clary, la petite fiancée du général Bonaparte, qui naquit à Marseille, et mourut reine de Suède. 

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Commentaires

Merci du partage, ce film est vraiment génial merci de me le remettre en mémoire! :)

Marie.

Écrit par : Auxiliaire de vie Nice | mardi, 03 juillet 2012

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