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samedi, 21 juillet 2012

Considérations sur la sainteté et le pardon - Père Arnaud Duban

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 Chapelle Royale, Versailles

 

Editorial "Il répandit sur eux son souffle", Père Arnaud Duban, in le journal Le Campanille -Notre Dame d'Auteuil, n°248 avril-mai 2012 

 

Créé à l'image de Dieu, l'homme, consciemment ou non, désire vivre à la manière de son Créateur : notre vocation à tous, c'est la sainteté. Mais sur ce chemin qui nous mène au bonheur, nous rencontrons un obstacle : le péché. Entraînés par la chair (au sens de nos pesanteurs, par le monde et par Satan, nous agissons parfois contre Dieu, contre nos frères, et contre nous-mêmes : "ce que je voudrais faire, ce n'est pas ce que je réalise ; mais ce que je déteste, c'est cela que je fais" (Rm 7, 15-16). C'est ainsi que le péché distille son poison dans les cœurs, distendant ou même brisant nos relations avec le Seigneur, avec nos prochains et avec notre être profond.

Heureusement, il existe un contre-poison : le pardon. Aucun homme, s'il veut mener une vie pleinement humaine, ne peut vivre sans lui. Même notre civilisation déchristianisée l'a compris : on parle beaucoup de repentance, et des responsables politiques ont demandé pardon officiellement pour le mal commis dans le passé : Jacques Chirac, en 1995, a évoqué "la dette imprescriptible" que la France devait aux 76000 juifs de France qui furent déportés à Auschwitz à partir de la rafle du Vel d'Hiv. De même, en 2008, le premier ministre australien a demandé pardon aux aborigènes pour toutes les violences infligées par les immigrants.

Ces pardons demandés ont certes beaucoup de valeur, à l'instar de tous ceux qui sont donnés et reçus chaque jour dans les couples, les familles, les lieux d'étude ou de travail. Mais nous ne devons pas oublier celui qui est le plus offensé lorsque nous péchons : Dieu lui-même. Devant tout refus d'aimer, c'est d'abord l'Amour qui est blessé. Mais comment réparer nos fautes vis-à-vis de celui à qui nous devons tout, le Saint par excellence ? Dans le passé, les hommes offraient des sacrifices pour se faire pardonner, allant jusqu'à offrir leurs propres enfants pour s'attirer la bienveillance divine. A son peuple, Dieu a révélé qu'il ne voulait pas de ces holocaustes. Le seul sacrifice qu'Il a accepté, c'est celui de son Fils. En mourant sur la Croix, Jésus a témoigné de la miséricorde infinie de Dieu pour nous, de son Amour plus fort que la haine : "Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font." (Lc 23,34)

Maintenant qu'il est ressuscité, il ne cesse de nous offrir son Pardon, en particulier dans le sacrement de réconciliation. Lorsque le prêtre dit à un pénitent "je te pardonne tous tes péchés", c'est le Ressuscité qui agit en lui. Non seulement il annihile l'effet dévastateur du poison distillé par le péché, mais il insuffle dans le cœur du pénitent le Saint Esprit, faisant de lui un homme nouveau capable de vivre à la manière du Ressuscité. C'est ce que Jésus a fait lui-même  le soir de Pâques au milieu de ses disciples ; "il répandit sur eux son souffle et il leur dit : "Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus"" (Jn 20,22-23). Son premier acte après sa résurrection, ce fut de pardonner à ceux qui l'avaient abandonné, et de les rendre témoins de la miséricorde divine.

Alors, nous aussi, durant tout le temps pascal, célébrons la victoire de l'amour sur la haine. Lorsque nous l'offensons, demandons à Dieu de pardonner nos péchés, "comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés" (Lc 11,4). Mais n'attendons pas de chuter lourdement pour recevoir le sacrement du pardon. Puisque "le juste pèche sept fois par jour" (Pr 24,16), comme un pare-brise finit par être opaque si nous ne le nettoyons pas régulièrement des moucherons et des poussières, profitons de la grâce immense que nous avons d'être chrétiens catholiques pour nous confesser régulièrement. [...]