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lundi, 23 juin 2014

Dora Maar

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Nu par Dora Maar                                            Dora Maar par Izis
Sources : http://soleildanslatete.centerblog.net/rub-dora-maar-.html
http://laregledujeu.org/2013/02/22/12471/dora-maar-de-gue...

 

"Dora Maar, enfin sans Picasso", Adrien Goetz, Le Figaro, fascicule Le Figaro et vous, jeudi 12 juin 2014

A l'enterrement d'Henriette Theodora Markovitch, au cimetière de Clamart en 1997, il y avait sept personnes. Célèbre à jamais sous le nom de Dora Maar, cette inconnue survivait dans tous les musées du monde, parce que Picasso, qui vécut avec elle durant neuf ans une grande passion, l'avait peinte, dévorée des yeux, dévorée tout court. Elle avait été pour lui la "femme qui pleure".

Cette inconnue avait été proche de George Bataille, d'André Breton, de Paul Eluard, d'Henri Cartier-Bresson, cette inconnue avait participé aux réunions du groupe surréaliste, elle avait exposé des photographies, des collages, des peintures... Cette inconnue qui connaissait tout le monde avait participé à la réalisation de Guernica en photographiant toutes les étapes du travail du peintre - ce fut sa gloire, et sa perte.

Victoria Combalia, l'historienne qui se consacre à sa redécouverte, a réuni au Palais Fortuny, à Venise, un choix magistral et magique d’œuvres de Dora. Elle s'est concentrée sur la meilleure époque, ces années 1930 dont elle fut l'incarnation, sorte d'Athéna aux yeux pers* à qui rien n'échappait - jusqu'à la fatale rencontre, en 1936, avec Picasso. D'où ce titre, qui sonne si bien en italien "Dora Maar, nonostante Picasso", malgré l'ogre, nonobstant les portraits faits par le Minotaure qu'elle aimait - et qui vivait alors avec une autre. Un seul Picasso dans l'exposition : il peint Dora avec des yeux en losange, si semblables à ses yeux à lui dans une photographie de Dora, exposée non loin, qu'on comprend tout : en la peignant elle, il ne s'occupait que de lui.

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Dora Maar par Picasso

Les portraits exécutés par Dora Maar sont une révélation. Ses modèles sont au cœur de la vie intellectuelle de ces années : Marie-Laure de Noailles intimidante, Jean-Louis Barrault en slip, Paul et Nusch Eluard dans les bras l'un de l'autre ou René Crevel - deux photos de lui sont inédites... Ses scènes de rue métaphysiques s'affirment comme le meilleur de son œuvre : la façade de l'hôtel Sphinx, des mendiants, des clochards chics, des soldats estropiés, une femme à la fenêtre de sa roulotte, un garçon endormi devant le rideau de fer d'un magasin. Ces clichés auraient dû suffire à lui assurer une place dominante dans l'histoire de la photographie de l'entre-deux-guerres.

Daniela Ferretti, qui dirige le Palais Fortuny, où tant d'élégantes de la première moitié du XXe siècle ont cherché dans ce décor proustien les plus beaux tissus du monde, a imaginé d'accompagner la célébration de Dora Maar par un accrochage dédié aux femmes. Au rez-de-chaussée, un excellent choix d’œuvres de femmes photographes, depuis Julia Margaret Cameron (1815-1879) jusqu'à aujourd'hui, forme pour elle comme un cortège d'honneur. Dans les étages, la photographe Anne-Karin Furunes, née en Norvège en 1961, a installé de grands formats qui fascinent : des surfaces noires perforées dessinent des visages agrandis pris dans les photographies de Mariano Fortuny. Ils rayonnent dans la lumière qui nimbe, par les hautes fenêtres, les toits des palais vénitiens.

"Dora Maar nonostante Picasso",
Palais Fortuny, Venise, jusqu'au 14 juillet 2014.
Catalogue Skira-Muve, 37€.

 

* Des yeux d'une couleur tirant sur le bleu-vert ou d'un mélange où le bleu domine. Athéna est typiquement désignée sous le nom de "déesse aux yeux pers".


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Dora Maar par Picasso
 

Extraits du site La règle du jeu, Marcel Fleiss, 2013
Pour quelques anecdotes à propos de la vente et l'exposition de ses photos, et sa mort
:

http://laregledujeu.org/2013/02/22/12471/dora-maar-de-gue...

[...]

Nous fixons un rendez-vous pour le lendemain ou le surlendemain à 15 H. Je prends dans ma poche des photos de tous ses tableaux, et comme je suis toujours un peu pressé, je sonne en avance à « Markovitz », son nom d’état civil. 14 H 40, 14 H 50, toujours pas de réponse. A 15 H. pile, elle me répond : « Jeune homme, quand je dis 15 H., c’est 15 H., et pas avant. Donc vous pouvez monter, c’est au deuxième étage. » Dora Maar est sur le pas de son appartement, la porte pratiquement refermée derrière elle, et s’étonne de ne pas voir les tableaux. Je lui dis que je lui ai amené les photos. Elle les regarde furtivement : « Ils sont tous faux ! ». Je lui réponds que je suis bien embêté car je les ai acheté à une galerie. Je lui montre même la facture. Elle me dit qu’elle désire voir les tableaux quand même, plutôt que les photos. Je reprends un rendez-vous, et cette fois, je ne sonne pas avant l’heure. J’arrive avec tous les tableaux, je les lui montre.

Elle me reçoit toujours sur le palier, mais j’entrevois derrière la porte l’appartement. On dirait l’antre d‘une clocharde. Le ménage n’avait pas dû être fait depuis des années. J’aperçois la cuisine avec des plats dans tous les sens. Horrible. Je lui dis de prendre un avocat si les tableaux sont faux. [...]

Les photos acquises, je me doutais qu’il y avait encore beaucoup de choses. Je lui demandais si elle voulait encore me vendre des choses. Elle me dit qu’elle ne pouvait malheureusement pas. Il y avait encore beaucoup de choses au coffre, au Crédit Lyonnais, me précisa-t-elle, mais tout était promis à la paroisse du VIe arrondissement. Or, à ma grande surprise, quand elle décéda, sa concierge me prévint qu’elle était dans un cercueil à l’Hôtel Dieu, sans vêtements. Je lui donnai de l’argent afin qu’elle achète une robe noire, que Dora Maar ne reste pas dans cet état. Il faut dire qu’elle n’avait pas d’amis du tout.

picasso,dora maarDora Maar par Picasso

Elle avait complètement rompu avec tout le monde. Elle me disait du mal de tous, ne voulait plus voir James Lord, ni ses anciens amis. Elle ne fit qu’une exception, à ma demande, et finit par donner suite à une pression insistante de Heinz Berggruen, qui avait perdu son numéro de téléphone. Elle l’avait donc revu, lui qui l’avait exposée, et qui essaya de lui acheter un Picasso, sans y parvenir.

Sa concierge me fit part que des commissaires priseurs et des huissiers avaient inventorié l’appartement. Un généalogiste avait retrouvé deux membres de la famille n’ayant jamais entendu parler de Dora Maar, un en France, l’autre en Russie. Dora Maar était une femme qui n’aimait ni les avocats ni les médecins, et probablement pas davantage les notaires. [...]

 

picasso,dora maar picasso,dora maarPhotos par Dora Maar

 

Extraits du site Beyond the Arts 
Pour une mini-biographie de Dora Maar
:

http://beyondartandmind.tumblr.com/post/36359837279/frenc...

Dora Maar (1907 – 1997) was a French photographer, poet and painter. Maar is usually remembered as the sultry model and muse whose features were immortalised in Picasso’s Weeping Woman series. Those who knew Maar have painted a picture of a stunningly beautiful woman with an acute intelligence and mercurial temperament matched by the flamboyance of her dress.

Dora Maar was born Henriette Theodora Marković in Paris, France.  Dora grew up in Argentina.  In 1927 at the age of 20, she began studying painting in Paris, but shortly after switched to photography at the “Ecole des Photographie de la Ville de Paris.”

Maar supported herself in the 1920s and 1930s as a commercial photographer with portraits and advertisements, and pursued street photography and avant-garde experimentation in her spare time. In her photographs, Maar imbued blind beggars and impoverished children with unusual dignity; made distinctively austere Surrealist collages, montages and setup images (a pair of shoes seemingly walking on a beach) ; and created two haunting works using the ceiling of a cathedral, turned upside down. She got on film what might be called street Surrealism : a discarded doll, hanging from a nail on a wood fence; a group of tussling children with an extra pair of legs. Her photographic work has a distinctive formal clarity and emotional directness.

picasso,dora maar  picasso,dora maarPhotos par Dora Maar


Maar met Picasso in January in Paris, when she was 29 years old and he 54. She was the subject of many paintings by Picasso and he appeared in many of her works as well. In 1943 Maar suffered depression and a nervous breakdown, following the final, painful break up of a ten-year relationship with Picasso. She recovered after receiving psychiatric treatment from her friend Jacques Lacan, before re-entering the cultural life of Paris as a proud and independent woman. Her career as a photographer ended abruptly when Picasso made light of her talent, but she continued to paint, write poetry and latterly take or rework photographs until the last two years of her life. Dora Maar, who became a devout Catholic and recluse, died in 1997 aged 89. She is reported to have said before her death ‘After Picasso only God’.

 

 Pour davantage de tableaux de Dora Maar Par Picasso :
http://www.pablo-ruiz-picasso.net/theme-doramaar.php
http://www.pablo-ruiz-picasso.net/theme-weepingwoman.php

 

Pour davantage de photos par Dora Maar :
http://beyondartandmind.tumblr.com/post/36359837279/frenc...

 

A consulter également (les images sont cliquables) :
pablo.jpg dessin de guernica.jpg picasso,dora maarhttp://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/11/09/pablo.html
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/11/16/guernica...
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/10/08/guernica...

 

dimanche, 22 juin 2014

Jean d'Ormesson I

*

 

*              *

 

Le Dieu des chrétiens est le seul qui s'incarne par amour
L'amour est la grande nouveauté du christianisme

Nous vivons dans une parenthèse miraculeuse, qui a un commencement et aura une fin

La science et la foi ne sont pas du tout incompatibles

Le mal est indissociable de la conscience du mal
Il procède de l'homme, de sa responsabilité, c'est-à-dire de la liberté de faire le mal


 

*              *

 

*

 

  jean d'ormesson,heloise d'ormesson,comme un chant d'espérance  jean d'ormesson,heloise d'ormesson,comme un chant d'espérance
Sources : http://www.saintmartin89.free.fr/hier/appd.htm
http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-dormesson

 

A propos de "l'habit vert" :
http://www.meselegances.com/2010/02/13/lacademie-les-acad...

 

"Croire en Dieu, on aurait tort de s'en priver...", entretien de Jean d'Ormesson (académicien) par Etienne de Montety - edemontety@lefigaro.fr -, Le Figaro, fascicule Le Figaro et vous, jeudi 12 juin 2014

 

En 1980, Jean d'Ormesson écrivait Dieu, sa vie, son œuvre. En 2014, son panthéisme joyeux s'est transformé en action de grâces. Il publie Comme un chant d'espérance : un court livre où l'écrivain fait part de son émerveillement et de sa stupéfaction face au mystère de l'univers. Il le fait avec brio, comme à son habitude. Commencé comme un court traité de cosmologie, le livre tourne vite à la quête de Dieu. Ce Dieu-là n'est pas celui qui régnait en maître chez ses grands-parents à Saint-Fargeau, il y a cent ans ; c'est une Personne plus insaisissable et plus riche à la fois : l'auteur des beautés de la Création, et celui qui donne la vie et la joie. Et ce Dieu, Jean d'Ormesson l'avoue, l'émeut chaque jour davantage.

A quand remonte votre intérêt pour Dieu ?
Mon livre traite de Dieu, non pas parce que je vieillis, mais parce que ce sujet m'intéresse depuis longtemps. J'ai été élevé dans la religion catholique. Généralement, quand les gens disent ça, c'est pour mieux s'en démarquer. Ce n'est pas mon propos. Je ne suis jamais allé au catéchisme, hormis quelques mois au cours Bossuet, c'est ma mère qui m'a transmis la foi. Enfant, j'ai lu et relu l'Histoire sainte. Je revois mon père, qui était un catholique de gauche, me disant : est-ce bien vrai, tout ça ? Sa remarque m'ouvrit un abîme de perplexité. Je n'ai jamais été très pieux, mais face au mystères de l'existence, j'ai toujours manifesté un sentiment d'étonnement. Je suis étonné d'être en vie, je n'en reviens pas que le soleil se lève le matin ; je suis stupéfait d'écouter l'andante du Concerto 21 de Mozart. L'éternité, le temps, l'histoire me remplissent d'étonnement.

Avez-vous conservé ma foi de votre enfance ?
A trente ans, j'étais toujours dans le même état d'esprit, mais toujours aussi peu pieux : je célébrais Dieu dans sa création. Si j'étais né aztèque, je crois que j'aurais été un adorateur du Soleil. Je trouvais des raisons de croire en découvrant la lumière du matin sur la Méditerranée, dans les calanques de Porto, en Corse, mais aussi en séjournant à Palmyre, à Rome, à Venise, à Damas, devant la mosquée des Omeyyades. Face au mystère de la création, il m'a toujours paru impossible de s'en tenir aux certitudes. Mes doutes m'embarrassaient, me paralysaient jusqu'à ce que j'apprenne que les plus grands saints ont douté. Ainsi Mère Teresa elle-même a connu des périodes de doutes profonds. Léon Bloy a raison : il n'y a qu'une tristesse, c'est de ne pas être un saint. Mais un saint n'est pas un être parfait !

Pas pieux, donc, mais croyant...
Je n'accorde pas une grande importance à l'astrologie, mais je note que je suis Gémeaux, signe de la dualité. Je suis gaulliste et européen, de droite mais assez à l'aise avec des hommes de gauche comme Mitterrand et Mélenchon. Et je suis catholique et agnostique. Songez que lorsque j'assiste à une messe, je suis volontiers un peu ironique. Mais je ne supporte pas qu'on critique la foi catholique devant moi. De nombreux auteurs me confortent dans cette position ambivalente. Il y a une histoire célèbre chez les juifs, ce sont deux rabbins qui se disent : "L'important c'est Dieu, qu'il existe ou non." Un Père de l'Eglise dit par ailleurs : ma foi est la forme de mon espérance. C'est exactement mon cas.

Alors à quoi croyez-vous précisément ?
Ce qui ne laisse pas de m'étonner et de m'émerveiller, c'est l'Incarnation : Dieu s'est fait homme.
Je sais bien, avec Renan, que dans de nombreuses religions anciennes, les dieux prennent forme humaine : Zeus prit les traits d'Amphitryon pour séduire Alcmène. Mais le Dieu des chrétiens est le seul qui s'incarne par amour. L'amour est la grande nouveauté du christianisme qu'on retrouve dans d'innombrables propos du Christ : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés", etc. Les chrétiens le savent : quand il font le bien, c'est à l'imitation de Dieu mais je suis rempli d'admiration pour les non-chrétiens qui font eux aussi le bien.

Votre livre montre cependant que votre approche de Dieu procède plutôt de la science que la foi
Le XXe siècle a été un siècle horrible à cause des guerres et des massacres. Et un siècle magnifique à cause de la science. On y fait des découvertes exceptionnelles notamment concernant les origines de l'Univers, de Planck à Hubble. La réflexion sur l'univers est proprement saisissante : nous vivons sur une scène, coincés entre le mur de Planck qui donne le départ de l'Univers et celui de la mort. Nous vivons dans une parenthèse miraculeuse, qui a un commencement et aura une fin.

Tous ces scientifiques nous éclairent sur la façon dont a pu se construire l'Univers. Mais pourquoi tout ceci a-t-il été créé ?
Ça relève de la foi. "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? demandait Leibnitz. Or la nécessité de l'Univers n'est pas nécessaire. D'ailleurs, la science et la foi ne sont pas du tout incompatibles. Il est loin, le temps où Bertrand Russel pouvait, après une longue discussion sur l'existence de Dieu, couper court en disant : "Vous ne m'avez pas donné assez de preuves..." Croire en Dieu, c'est beaucoup plus simple que de ne pas y croire, et c'est beaucoup plus encourageant. On aurait tort de s'en priver !

Il y a le mal qui est un mystère et un scandale, qui peut faire douter de Dieu.
Oui, mais le mal est arrivé avec l'homme et avec la pensée. Avant l'homme, le mal n'existe pas. Il y a la souffrance, mais pas le mal. Le mal est l'apanage de l'homme. Car le mal est indissociable de la conscience du mal. Il procède de l'homme, de sa responsabilité, c'est-à-dire de la liberté de faire le mal. Le mal est le prix de notre liberté. Dieu n'est pour rien là-dedans.

Et l'Eglise catholique dans tout ça, comment la trouvez-vous ?
Les ricaneurs sont nombreux qui cirent Loisy : "Jésus annonçait le royaume, mais c'est l'Eglise qui est venue"... Or la succession de trois papes, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, chacun illustrant à sa manière les trois vertus thoélogales, l'espérance, la foi et la charité, montre la caractère durablement exceptionnel de l'Eglise catholique, et ce depuis deux mille ans. Je mourrai dans son sein si elle veut de moi et j'aimerais bien avoir un prêtre à mes côtés.

 

 

jean d'ormesson,heloise d'ormesson,comme un chant d'espéranceSe procurer l'ouvrage :

Comme un chant d'espérance

Jean D'Ormesson

2014

Editions Héloïse d'Ormesson

160 pages

http://www.amazon.fr/Comme-chant-desp%C3%A9rance-Jean-Orm...

 

 

 

jean d'ormesson,heloise d'ormesson,comme un chant d'espéranceSe procurer l'ouvrage :

Dieu, sa vie, son oeuvre

Jean D'Ormesson

1980, 1981

Gallimard, blanche

496 puis 504 pages

http://www.amazon.fr/Dieu-Sa-vie-son-oeuvre/dp/B0000EFJI0

http://www.amazon.fr/Dieu-sa-vie-son-oeuvre/dp/2070238865/

 

 

 

samedi, 21 juin 2014

Etymologie - Un navet

 

Etymologie - c'est un navet.jpg
Source : Direct Matin, mardi 20 novembre 2012

 

*

> Pour davantage : http://fichtre.hautetfort.com/les-mots-francais.html

 

vendredi, 20 juin 2014

L'Algérie IV

 

 

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Extraits de L'Algérie ou la mort des autres, Virginie Buisson, 2000, Folio :

[...]

Ils sont arrivés.

Ils ont planté des tentes immenses sur la place de l'église, occupé les granges, installé des miradors et fermé le village.

C'est le premier régiment de tirailleurs algériens.

J'ai goûté mes premières boîtes de rations et j'ai appris à armer un fusil.

Un sergent et quatre soldats ont emménagé sur la terrasse au-dessus de ma chambre.

[...]

Le village s'est offert.
Les maisons se sont ouvertes.
Maman nous emmenait mes frères et moi.
Je pouvais évoluer dans les cours, j'ai appris l'Algérie :
les mains tatouées des femmes,
leurs bijoux,
leur fortune, nouée dans un mouchoir, enfouie entre leurs seins, sous leurs gandouras superposées ;
la chôrba brûlante,
le café au poivre de l'hiver, le café pilé au lever du jour, le café de l'accueil, de l'obligeance ;
la semoule roulée de leurs mains rougies de henné, les jours de fête ;
leurs yeux bordés de khôl,
leurs rires, leurs curiosités.
Il arrivait qu'elles me dévoilent leurs richesses serrées dans leur coffre de mariage :
pièce d'étoffe,
photos d'un aïeul médaillé,
mort pour une guerre française,
montre en or dans son emballage,
dentelle de papier journal,
gandouras de velours,
livre d'école.

Les jours de fête, elles faisaient apporter à la maison des pâtisseries au miel et à la fleur d'oranger.

[...]

J'ai vu la ferme des Gilles. C'était au moment où de Gaulle faisait sa tournée des états-majors.
La ferme avait été choisie comme P.C. d'une opération.

J'étais partie le matin avec ma mère, Jean-Pierre et Patrick.
Nous avons installé l'infirmerie dans la grange.
De Gaulle est arrivé en hélicoptère.
Maman était invitée au repas sous la tente avec le général De Maison Rouge.
J'ai préféré rester avec les soldats.
Nous avons partagé des rations ; ils m'ont donné leurs pâtes de fruit, je leur ai laissé l'eau-de-vie.
Puis nous sommes allés ramasser des raisins dans nos casques.
A l'heure de la sieste, nous avons rejoint le lit de l'oued... il restait un peu d'eau, nous avons dérangé les lézards.
C'est là que j'ai rencontré Daniel.
Il était de garde.
Je lui ai offert des raisins.
J'ai attendu avec lui l'heure de la relève.
Il a lâché son fusil pour un harmonica.
Il m'a emmenée sous les lauriers roses.
J'avais un chemisier en nylon transparent et mon premier soutien-gorge.
Mon père était en opération, j'avais évité la blouse réglementaire.
Daniel me regardait.
Je compris ce qu'était le désir.
Il m'a demandé mon âge.
Je lui ai menti en lui répondant 17 ans.
J'en avais à peine 14.
Il m'a embrassée gentiment.

Pacification.

Nous partions en escorte réduite. Maman montait dans la jeep avec mes frères. Moi, j'allais dans le half-track, je m'agenouillais sur les caisses de munitions.
Je m'offrais au vent, à la poussière et aux bruits.
J'aimais mes lèvres gonflées de chaleur et ma gorge desséchée, cette raideur de mes cheveux collés par la sueur que je libérais à la noria.

[...]

J'avais les cheveux très longs, ils faisaient illusion, ils me donnaient l'air d'une jeune fille.
Un aviateur m'a photographiée, il a donné la photo à mon père.
J'ai été accueillie d'une volée de coups.

Une semaine plus tard, ma mère a loué un taxi et nous sommes partis en escorte à Bouïra à 35 kilomètres.

La coiffeuse me coupa les cheveux, m'entortilla ce qui restait dans des bigoudis minuscules.
En sortant, je ressemblais à la femme du maire en plus jeune mais en plus triste.

[...]

J'aimais les traces dorées que laisse l'encre violette sur mon encrier, j'y trempais mes doigts à cause de l'odeur.

[...]

J'ai passé l'hiver à dessiner des cartes de géographie.
J'ai retrouvé l'ennui.
Je me suis barricadée de rêves.
J'aimais bien cette torpeur qui m'envahissait, cette impression d'absence qui me protégeait.

Ma liaison la plus sûre était celle que j'entretenais avec la mer.
Je l'aimais grise les jours de pluie.
verte boueuse, presque brune les jours de vent.
Elle démolissait patiemment les digues, nous préparait une plage différente pour l'été.
Elle était mon souffle, ma liberté.
La nuit, je l'entendais frapper les rochers.
Elle apaisait mes colères.
J'avais une histoire d'amour avec la mer.

La guerre est revenue.

[...]

J'ai peur de la mort des autres. J'ai peur pour Jacques, pour mon père qui ne parle plus, pour mes frères qui ne jouent pas. Mes frères si sages avec leur blouse grise trop raide, leurs cheveux si courts, et ma mère, qui va un fils à chaque bras, qui ne veut pas avoir peur.

Ma mère qui soignait les fellaghas dans les permanences de l'A.M.G. et les militaires de retour d'opérations. Ma mère sûre de notre innocence.

Jacques a raison, il n'y a plus d'avenir.

Pourtant, il y a des moments où j'aimerais être contre lui immobile, tranquille et sans mémoire.

Alger ne se ressemble plus. [...]

La ville n'est plus qu'un lieu pourrissant, boursouflé de camions qui déménagent des vies en lambeaux.

[...]

 

algérie, virginie buissonSe procurer l'ouvrage :

L'Algérie ou la mort des autres

Virginie Buisson

2000

Folio

96 pages

http://www.amazon.fr/LAlg%C3%A9rie-mort-autres-Virginie-B...

 

 

 

jeudi, 19 juin 2014

She waits XXVI - Summertime

 

formidable,charles aznavour

 


http://www.youtube.com/watch?v=u2bigf337aU

 

 
http://www.youtube.com/watch?v=xJOtaWyEzaI

 

Summertime and the livin' is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high

Your daddy's rich and your ma' is good-lookin'
So hush, little baby, don't you cry

One of these mornings you're gonna rise up singing
Then you'll spread your wings and you'll take to the sky
But 'till that morning, there ain't nothin' can harm you

With daddy and mummy standin' by

 


http://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_392...

 

 
http://www.youtube.com/watch?v=hRCRMJwrTY8

 


http://www.youtube.com/watch?v=UYlIHI35oak

 


http://www.youtube.com/watch?v=alrBe2XF0IA

 

07:00 Publié dans Chanson | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 18 juin 2014

Nicolas bedos

 

Une "pitrerie" en forme de bouquet estival.

Tout le monde - ou presque - en prend pour son grade

y compris l'auteur

 

http://m.youtube.com/watch?v=FjljlmQHbz8

 

https://www.youtube.com/user/onpcofficielle

mardi, 17 juin 2014

She waits XXV - Un été

 

formidable,charles aznavour

 


http://www.youtube.com/watch?v=mEzH0FuL8qo

 

 Michel Legrand chante, accompagné à la harpe et orchestre


http://www.youtube.com/watch?v=-mxMPVMxJmg

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=kWMxX5MGuHI

 

 

> Et le film : http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/06/04/un-ete-1...

été,42,1942,jennifer,o'neill,michel,legrand,herman,raucher

 

 

Michel Legrand (né en 1932)

michel legrand, un été 42, un été 1942, summer 42, summer 1942, peau d'ane  michel legrand, un été 42, un été 1942, summer 42, summer 1942, peau d'ane
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A consulter également (cf peau d'âne) :
http://www.lefigaro.fr/musique/2009/02/12/03006-20090212A...