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jeudi, 10 octobre 2013

Après l'amour - Isabelle Huppert, Lio, Bernard Giraudeau, Hippolyte Girardot, Yvan Attal

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Film : Après l'amour (1991, durée 1h44)

Réalisatrice : Diane Kurys

Lola (Isabelle Huppert), Marianne (Lio), Rachel (Judith Reval), Anne (Ingrid Held), Elisabeth (Laure Killing)

David (Bernard Giraudeau), Tom (Hippolyte Girardot), Romain (Yvan Attal)

 

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Tom : Tu m'as manquée. J'ai failli t'appeler tous les jours.

Lola : Pourquoi tu l'as pas fait ?

Tom : Parce que c'est bon d'attendre.

[...]

Tom : T'as jamais eu envie de faire un enfant ?

Lola : Non.

Tom : Arrête, à qui tu veux faire croire ça ?

Lola : Non, je me vois pas avec un enfant. Souvent on fait un enfant pour être moins seul, pour sauver une histoire d'amour. Tu crois qu'un jour je vais le regretter ?

Tom : Tout ce que je sais, c'est qu'il vaut mieux regretter quelque chose qu'on a fait plutôt que quelque chose qu'on n'a pas fait, non ?

Lola : ...

Tom : Non ? 

 

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Tom : Je reviens ce soir. Attends-moi. Dors.

 

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Rachel : Qu'est-ce qu'elle a dit Lola quand elle a su que vous alliez avoir un enfant ?

David : Elle a rien dit.

Rachel : Mais c'est ça qui est incroyable ! Une autre femme à sa place, elle serait partie.

David : Elle est pas comme les autres.

Rachel : Mais si, elle est comme les autres. Elle a rien dit pour pas vous perdre, c'est tout.

David : T'as pas mangé ton chausson aux pommes.

Rachel : Quand je suis montée à Paris, j'aurais jamais cru que je rencontrerais des gens comme vous.

David : Qu'est-ce que tu veux faire ?

Rachel : Vous savez pas ce que ça représente pour moi d'être là, ce soir avec vous.

 

¤     ¤     ¤ 

 

Lola : Pourquoi tu m'as jamais quittée ?

David : Tu m'as jamais demandé. Parce que tu m'as jamais retenu. Oh, je sais pas Lola, il est six heures du matin.

 

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Lola : Vingt-quatre décembre, joyeux Noël, j'ai trente-cinq ans. Je retrouve mes vieux stylos, mes vieux cahiers d'il y a dix ans Et même le waterman que j'avais mordu jusqu'à l'encre quand j'ai fini mon premier livre. J'ai encore le goût de l'encre dans la bouche. Il faut que j'invente, il faut que je travaille, que j'écrive un roman, pas un journal. Je vis pas, je prends des notes, je perds mon temps. Demain matin, j'achète un crayon avec une gomme dessus. C'est décidé, à partir de maintenant j'écris au crayon, et à chaque fois que je dis la vérité, je l'efface.

 

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David : Je peux voir ?

Lola : Non, laisse ! C'est pas fini, je veux pas que tu lises.

David : C'est pour ça que t'y arrives pas. D'habitude tu me racontes au fur et à mesure, et là, je sais pas de quoi ça parle.

Lola : Moi non plus.

David : C'est nouveau, ça. Ca vient de sortir ? Tu dis rien sur moi, j'espère.

Lola : Benh si, ça parle de nous.

David : Alors il faut qu'il se passe des choses terribles, des vrais drames, des séparations. Des larmes, du sang, je sais pas, moi... un meurtre. Imagine le pire. C'est ça qu'il faut écrire. Je vais partir au Brésil, ou alors aux Bahamas. On va se quitter, Lola, on vit plus rien ensemble.T'écris ton livre, tu parles de nous, mais t'es toute seule dans ton histoire.

Lola : Mais je m'en fous de ce bouquin. Je le brûle si tu veux.

David : Pourquoi tu racontes notre histoire ?

Lola : Parce que je veux pas que ce soit fini.

David : Mais c'est fini, Lola... Mets un peu d'humour quand même. Je sais pas moi, invente-lui un amant, hein ? Ils font des choses très con, il l'emmène à Tourcoing. Je déconne. Tu devrais peindre en gris, ça se confondrait avec le ciel.

Lola : Si ça se trouve, je vais rien changer.

David : Pourquoi t'es pas partie en vacances ? Qu'est-ce que tu fais ce soir ?

 

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Lola à Tom : Pourquoi les femmes, quand elles sont amoureuses, ça les rend malades ? Les hommes, ça leur donne la pêche.

 

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Rachel : Vous me faites peur.

Lola : Pourquoi ? 

Rachel : Parce que vous dites la vérité.

 

¤     ¤     ¤

 

Olivier, le fils aîné de David et Marianne : C'est quoi ton travail ? T'es architecte ?

Lola : Non, j'écris.

Simon, le cadet : A qui ?

Lola : A personne. A tout le monde.

 

mercredi, 09 octobre 2013

Coups de feu sur Broadway - Woody Allen

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Film : Coups de feu sur Broadway / Bullets over Broadway (1994, durée 1h39)

Réalisateur : Woody Allen

David Shayne le dramaturge (John Cusack), Helen Sinclair comédienne (Dianne Wiest), Olive Neal (Jennifer Tilly), Cheech (Chazz Palminteri), Julian Marx (Jack Warden), Nick Valenti (Joe Viterelli), Rocco (Tony Sirico), Eden Brent (Tracey Ullman), Sheldon Fendler (Rob Reiner)


 

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Olive Neal : J'en ai marre, j'en ai plus que marre ! J'en ai marre, tu comprends ? Tu peux marcher sur les pieds de tes gorilles tant que tu veux mais moi j'en ai jusque là !

Nick Valenti : Qu'est-ce qu'il y a encore ?

Olive Neal : Je veux pas partager une loge et puis j'en ai plein le dos, tout le monde me bouscule et me piétine ! Y'a pas une pétasse qui sait danser ici alors.

Nick Valenti : C'est la meilleure troupe de New York.

Olive Neal : Mon cul !

Nick Valenti : Oh, ça va, la ferme !

Olive Neal : Mon cul ! Mon cul !

Nick Valenti : Olive, calme-toi, Olive, c'est notre anniversaire.

Olive Neal : Pas du tout, c'est pas notre anniversaire, tu deviens gâteux.

Nick Valenti : Ca fait six mois aujourd'hui.

Olive Neal : Et alors ?

Nick Valenti : Je m'en souviens comme si c'était hier, parce que c'est le matin où on a pété les jambes de Joey Benjamin.

Olive Neal : Six mois !! Six mois, six mois et je moisis toujours dans cette saloperie de trou à rats, moi.

Nick Valenti : Olive.

Olive Neal : Quoi ?

Nick Valenti : J't'ai apporté quelque chose.

Olive Neal : Qu'est-ce que c'est ?

Nick Valenti : Ouvre-le.

Olive Neal : Non, toi ouvre-le, tu vois pas que j'me change.

Nick Valenti : Bon, j'vais l'ouvrir. Tiens, regarde.

Olive Neal : Qu'est-ce que c'est ?

Nick Valenti : Des perles. Non mais de quoi ça a l'air ?

Olive Neal : Les perles, c'est blanc !

Nick Valenti : C'est des perles noires.

Olive Neal : Tu te fous de moi ? J'ai jamais entendu parler de perles noires !

Nick Valenti : T'en as jamais entendu parler, ça veut pas dire que ça existe pas.

Olive Neal : Dis donc, pour qui tu m'prends ? Pour une conne !? Des perles noires, tes perles noires, on les a probablement pêchées dans une huitre défectueuse.

Nick Valenti : Mais ces perles sont pas malades, Olive, parce que les perles noires c'est fait pour être noir. Allez ma poulette, sois pas comme ça. Tu sais bien que j'suis fou d'toi.

Olive Neal : Si t'es tellement fou de moi, Nicky, pourquoi tu m'fais pas sortir de cette troupe pouilleuse, hein ? J'suis venue à New York pour être actrice, j'ai des dons pour faire actrice.

Nick Valenti : Mais oui, ma belle, tu seras une grande actrice, une promesse est une promesse. Allez-allez, vas vite t'habiller, j'tamène à Harlem.

Olive Neal : Au Cotton Club !?

Nick Valenti : Oui, ma belle.

Olive Neal : D'accord ! 

 

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David Shayne : Non, mais j'te l'dis, ils lisent ma pièce et elle leur fait peur.

- C'est sans rapport, c'est sans rapport !

David Shayne : C'est pas sans rapport !

- Ce que je te faire remarquer, c'est qu'aucun véritable grand artiste n'a été reconnu comme tel de son vivant. Prends Van Gogh ou Edgar Allan Poe. Poe est mort de froid et dans la misère avec son chat enroulé sur ses pieds.

- Tu vois, David, ne désespère pas, on te produira peut-être à titre posthume.

- Tu sais, j'ai jamais eu une pièce de moi montée, et c'est vrai hein, et j'écris une pièce par an depuis maintenant vingt ans.

David Shayne : Oui, ça c'est parce que tu es un génie. Et la preuve, c'est que pour monsieur tout-le-monde comme pour les intellectuels, ton œuvre est totalement incohérente, donc tu es un génie.

- Nous avons tous nos heures de doute, tu sais. Tiens, je peins une toile par semaine, moi. J'y jette un seul coup d'oeil et je la lacère à coups de rasoir.

- C'est ce qu'il y a de mieux à faire dans ton cas.

Elise : Moi j'ai foi en tes pièces, David. J'ai toujours eu foi.

David Shayne : Elle a foi en mes pièces parce qu'elle m'aime.

Elise : Non, c'est aussi parce que t'es un génie.

David Shayne : Quand je pense qu'il y a dix ans, j'ai kidnappé cette femme, je l'ai arrachée à une belle existence bourgeoise à Pittsburgh et depuis, je lui fais mener une vie de chien.

- Elise, crois-moi, si c'est un type bien, cramponne-toi. Vous savez, l'erreur que nous faisons, nous les femmes, c'est de tomber amoureuse de l'artiste. Eh, vous écoutez les gars ? On tombe amoureuse de l'artiste, pas de l'homme.

- Je trouve pas que ce soit une erreur. On peut pas différencier. Disons qu'il y a le feu, une maison qui brûle, et que vous pouvez vous précipiter et sauver seulement une chose, soit l'unique exemplaire des œuvres de Shakespeare ou un quelconque être humain anonyme. Qu'est-ce que vous faites ?

David Shayne : On n'a pas le droit de priver le monde de ces chefs-d'oeuvre.

- C'est insensé, il faut partir du principe que la vie des gens est un objet inanimé.

- C'est pas un objet inanimé, c'est de l'art. L'art c'est la vie. L'art ça vit.

 

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David Shayne : Flender ! Flender, réveille-toi, c'est David Shayne. Il faut que je te parle. Je t'en prie, Flender. Flender !

Flender : Ha ha ha, regardez qui est là, la coqueluche de Broadway. "Moi, je n'écris pas des succès, mes pièces sont de l'art, expressément écrites pour ne pas être produites."

David Shayne : Oui, Elise est là ?

Flender : Non, elle est pas là.

David Shayne : Je crois que si.

Elise : Je te félicite de ton succès, David, j'ai toujours cru en tont talent.

David Shayne : Oui, eh bien tu avais tort. Il faut que je te pose une question.

Elise : Quoi ?

David Shayne : Tu aimais en moi l'artiste, ou l'homme ?

Elise : Les deux.

David Shayne : Même s'il devait s'avérer que je ne suis pas vraiment un artiste ?

Elise : Je pourrais aimer un homme qui n'est pas un vrai artiste, mais je pourrais pas aimer un artiste qui n'est pas un vrai homme.

Flender : eh mais-mais, c'est horrible tout ça, parce qu'elle est avec moi maintenant!

David Shayne : C'est ça que tu veux, être avec Flender ? Tu veux être avec Flender ?

Elise : Hey ! Flender est un très bon amant.

Rita, d'une fenêtre de l'immeuble en face : J'ai couché avec Flender. Il était tout juste passable.

Elise : C'est vrai ?

Flender : Rita, Rita, s'il te plaît, mais qu'est-ce que tu racontes ? C'était il y a des années, pendant ta période amours libres.

Elise : Je pense que c'est relatif. Avec moi, il est formidable.

Rita : Très intéressant. Tu parles pure mécanique ou quoi ?

Elise : Il a une technique prodigieuse.

Flender : Prodigieuse.

David Shayne : Là, tu confonds sexe et amour !

Rita : Non, pour moi, l'amour va très profond. Le sexe ne va qu'à quelques centimètres.

Pfendler : Vous, vous êtes tous à côté de la plaque. Vous negligez le fait que je donne du plaisir plusieurs fois par jour !

Rita : Allons, Flender, qu'est-ce que la quantité a à voir dans tout ça ?

Flender : La quantité, la quantité conditionne la qualité ?

David Shayne : D'après qui ?

Flender : Karl Marx !

Rita : Ah, alors, si on se met à parler économie.

Flender : Le sexe c'est "économie".

David Shayne : Foutaises. Elise, viens, descends, je veux te parler. Elise, je t'aime, je veux te voir descends.

Elise : D'accord.

Flender : Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire "d'accord" ? Qu'est-ce que je deviens, moi ?

Elise : T'es génial, Flender, mais c'est inutile. Je ne guérirai jamais de David. Tu as bien dû te rendre compte qu'à chaque fois que j'ai un orgasme, je crie "David ! David !"

Flender : J'avais compris que tu disais "va vite ! va vite !"

Rita : Flender, fiche-leur la paix, voyons. Tu ne vois pas qu'ils s'aiment tous les deux.

David Shayne : C'en est fini de tout ça. Fini de vivre dans des mansardes, de manger du fromage et de boire de la vinasse en discourant sur l'art dans des cafés, c'est fini. Je t'aime. Je veux qu'on se marie, on va retourner à Pittsburgh...

Elise : Mais tu es une vedette. Ta pièce est un succès.

David Shayne : ... j'enseignerai, on aura des gosses. 

Elise : Pourquoi est-ce que soudain tu as changé ?

David Shayne : Parce que j'ai bien trop perdu de temps, parce que je t'aime

Elise : Mais tu es un artiste.

David Shayne : Non, pas du tout, pas du tout. Je t'expliquerai ça quand on sera dans le train pour Pittsburgh. Il y a deux choses dont je suis bien certain : primo je t'aime, et secondo je suis pas un artiste. Ca y est, je l'ai dit, je me sens libre. J'sui pas un artiste... Veux-tu m'épouser ?

Elise : Oui.

 

mardi, 08 octobre 2013

Les frères Grimm

 

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Film : Les frères Grimm (2005, durée 1h59)

Réalisateur : Terry Gilliam

Wilhelm Grimm (Matt Damon), Jacob Grimm (Heath Ledger), le général Delatombe (Jonathan Pryce), Angelika (Lena Headey), Cavaldi (Peter Stormare), Dax (Bruce MacEwen), Letorc (Julian Bleach), la reine au miroir (Monica Belluci), le Petit Chaperon rouge (Alena Jakabova), le garçon d'écurie (Harry Gilliam), le maire (Roger Ashton-Griffiths), Jacob enfant (Jeremy Robson)

 

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Wilhelm Grimm : Angelika, il y avait une force occulte dans la forêt, enfin, dans la tour ?

Angelika : Mon père nous y emmenait souvent.

Wilhelm Grimm : Où est-il maintenant ?

Angelika : Il est mort.

Wilhelm Grimm : Oh !

Angelika : L'hiver dernier. On dit que les loups l'ont emporté.

Wilhelm Grimm : Les loups !?

Jacob Grimm : Si vous refusez de nous guider, nous donnerez-vous une carte au moins ?

Angelika : Une carte ne servirait à rien.

Jacob Grimm : Parlez pour vous, mademoiselle Graus. Parce que nous, on sait lire.

Wilhelm Grimm : Allez viens, Jacob.

Angelika : Vous croyez tout savoir !? J'ai été à la ville ! Mon père a réussi à économiser afin que je puisse avoir une bonne éducation !

Wilhelm Grimm : Ah oui, oh si tu veux mon avis, c'était de l'argent gaspillé.

Angelika : Vous avez raison ! Après sa mort, mes sœurs sont restées seules, les premières à avoir été enlevées.

Wilhelm Grimm : Oh, c'est pour ça qu'on vous dit maudites.

Angelika : Veuillez me dire, ô célèbres frères Grimm, comment vous allez réussir à nous sauver ? Je crois que je vais plutôt chercher toute seule.

 

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Le général Delatombe : Je vous salue, car cette brillantissime présence illumine la forêt allemande, havre de... d'ignorance et de superstition.

 

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Cavaldi : Oooh, oooh, mon général, oooh, oooh. Guten tag ! Bongiorno ! Bonjour, voilà ! Voilà, bonjour à tous ! Général, vos soldats, euh, euh, finito. Ils sont morts, tous. C'est par chance que j'ai survécu. Regardez, regardez ! Là, vous voyez, cette... cette égratignure ? Toute tou-tou-tou-toute petite é-gra-ti-gnure ? Una, ah, uh... una, uh... uuuuuh....

Le général Delatombe : Nous commencerons par la bisque de homard.

 

lundi, 07 octobre 2013

La jeune pousse au cerf

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La jeune pousse au Cerf
Crédits photographiques Jana Hobeika

 

dimanche, 06 octobre 2013

Je viens vers Toi, Jésus - Cranach

 

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 Tête du Christ couronné d'épines, Lucas Cranach l'Ancien

 

Comme l'argile se laisse faire
entre les mains agiles du potier,
Ainsi mon âme se laisse faire,
ainsi mon coeur te cherche, toi mon Dieu.

Je viens vers toi, Jésus.
Je viens vers toi, Jésus.

Comme une terre qui est aride,
ainsi mon coeur désire ton eau vive.
Tu es la source qui désaltère :
qui croit en toi n'aura plus jamais soif.

Je viens vers toi, Jésus.
Je viens vers toi, Jésus.

Comme un veilleur attend l'aurore
ainsi mon âme espère en ta Parole.
Car ta Parole est une lampe,
une lumière allumée sur mes pas.

 

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Eglise Saint-Sulpice
Crédits photographiques Jana Hobeika

 

samedi, 05 octobre 2013

La Voie royale - André Malraux

 

malraux
André Malraux (1901-1976)

 

> A lire également : http://www.parismatch.com/People/Politique/J-ai-epouse-mon-beau-frere-Andre-Malraux-Par-Madeleine-Malraux-149903

 

Extrait de La Voie royale, André Malraux, 1960, Grasset :

[...]

"Les hommes jeunes comprennent mal... comment dites-vous ?... l'érotisme. Jusqu'à la quarantaine, on se trompe, on ne sait pas se délivrer de l'amour : un homme qui pense, non à une femme comme au complément d'un sexe, mais au sexe comme au complément d'une femme, est mûr pour l'amour : tant pis pour lui. Mais il y a pis ; l'époque où la hantise du sexe, la hantise de l'adolescence, revient, plus forte. Nourrie de toutes sortes de souvenirs..."

Claude, sentant l'odeur de poussière, de chanvre et de mouton attachée à ses habits, revit la portière de sacs légèrement relevée derrière laquelle un bras lui avait montré, tout à l'heure, une adolescente noire (épilée), une éblouissante tache de soleil sur le sein droit pointé ; et le pli de ses paupières épaisses qui exprimait si bien l'érotisme, le besoin maniaque, "le besoin d'aller jusqu'au bout de ses nerf" disait Perken... Celui-ci continuait :
"... Ils se transforment, les souvenirs... L'imagination, quelle chose extraordinaire ! En soi-même, étrangère à soi-même... L'imagination... Elle compense toujours..."

Son visage accentué sortait à peine de la pénombre, mais la lumière luisait entre ses lèvres, sur le bout de sa cigarette, doré sans doute. Claude sentait que ce qu'il pensait s'approchait peu à peu de ses paroles, comme cette barque qui venait à lentes foulées, le reflet des feux du bateau sur les bras parallèles des rameurs :
- Que voulez-vous dire exactement ?
- Vous comprendrez de vous-même, un jour ou l'autre... les bordels somalis sont pleins de surprises...
Claude connaissait cette ironie haineuse qu'un homme n'emploie guère qu'à l'égard de soi-même ou de son destin.

[...] "Il y a quelque chose, mais ce n'est pas le sadisme..."
Perken reposa sa tête sur le dossier de sa chaise longue : son masque de brute consulaire apparut en pleine lumière, accentué par l'ombre des orbites et du nez. La fumée de sa cigarette monta, droite, se perdit dans l'intensité de la nuit.

Le mot sadisme, resté dans l'esprit de Claude, y appela un souvenir.
- Un jour, on me mène, à Paris, dans un petit bordel minable. Au salon il y avait une seule femme, attachée sur un chevalet par des cordes, un peu Grand-Guignol, les jupes relevées...
- De face ou de dos ?
- De dos. Autour, six ou sept types : petits bourgeois à cravates toutes faites et vestons d'alpaga (c'était en été, mais il faisait moins chaud qu'ici..." les yeux hors de la tête, les joues cramoisies, s'efforçant de faire croire qu'ils voulaient s'amuser... Ils s'approchaient de la femme, l'un après l'autre, la fessaient - une seule claque chacun - payaient et s'en allaient, ou montaient au premier étage...
- C'était tout ?
- Tout. Et très peu montaient : presque tous partaient. Les rêves de ces bonshommes qui repartaient en remettant leur canotier, en tirant les revers de leur veston...
- Des simples, tout de même...

Perken avança le bras droit, comme pour accompagner d'un geste une phrase, mais hésita, luttant contre sa pensée.
- L'essentiel est de ne pas connaître la partenaire. Qu'elle soit : l'autre sexe.
- Qu'elle ne soit pas un être qui possède une vie particulière ?
- Dans le masochisme plus encore. Ils ne se battent jamais que contre eux-mêmes... A l'imagination on annexe ce que l'on peut, et non ce que l'on veut. Les plus stupides des prostituées savent combien l'homme qui les tourmente, ou qu'elles tourmentent, est loin d'elles : savez-vous comment elles appellent les irréguliers ? Des cérébraux... [...] Et elles ont raison. Il n'y a qu'une seule "perversion sexuelle" comme disent les imbéciles : c'est le développement de l'imagination, l'inaptitude à l'assouvissement. [...]

Encore quinze jours de cette avidité ; quinze jours à attendre sur ce bateau, avec une angoisse d'intoxiqué privé de sa drogue. Il sortit une fois de plus la carte archéologique du Siam et du Cambodge ; il la connaissait mieux que son visage... Il était fasciné par les grandes taches bleues dont il avait entouré les Villes mortes, par le pointillé de l'ancienne Voie Royale, par sa menaçante affirmation : l'abandon en pleine forêt siamoise. "Au moins une chance sur deux d'y claquer..." Pistes confuses avec des carcasses de petits animaux abandonnés près de feux presque éteints, fin de la dernière mission en pays jaraï : le chef blanc, Odend'hal, assommé à coups d'épieux, la nuit, par les hommes du Sadète du feu, dans le bruissement de palmes froissées qui annonçait l'arrivée des éléphants de la mission... Combien de nuits devrait-il veiller, exténué, harcelé de moustiques, ou s'endormir en se fiant à la vigilance de quelque guide ?... On a rarement la chance de combattre... [...]

 

Malraux la voie royale.jpgSe procurer l'ouvrage :

La Voie royale

André Malraux

1930

Grasset

253 pages

Format Kindle : http://www.amazon.fr/La-voie-royale-ebook/dp/B005OPAT8O/r...

 

 

vendredi, 04 octobre 2013

Considérations sur le silence et sur la virginité - Rembrandt, Turner, Rubens

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Paysage au château, Rembrandt

 

 

2e dimanche de l'Avent, semaine du 9 au 15 décembre 2012 :

"Un ange passe", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy 

 

Un ange passe. C'est une parole qui tente d'exprimer un silence. Le silence est l'écrin nécessaire pour accueillir la parole.

Pascal disait que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir se tenir en silence dans une chambre.

La Vierge se tient en silence dans sa chambre. Non pas le silence lourd et pesant de celui qui s'enferme en lui-même et se mure à toute influence extérieure pour rester dans son monde, non pas le silence de mort, mais le silence qui précède l'irruption de la vie, le silence comme capacité d'écoute, comme disponibilité à accueillir un autre que soi. Le silence comme présence et comme patience.

La Vierge a pu accueillir la Parole de l'Ange parce qu'elle attendait le Messie d'Israël, parce qu'elle était capable de patience. Elle était la Vierge du silence, et elle a pu enfanter la Parole. Un ange a passé, et elle a engendré le Christ.

 

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L'apparition d'un ange, Turner 

 

A Nazareth, nous pouvons prier devant ce que la tradition nous présente comme la maison de la Vierge, quelques pierres éparses qui ont vu pourtant le passage de l'Ange et l'Incarnation de Dieu, qui ont été les témoins muets de l'événement de Salut qui a changé la face du monde.

La jeune fille de Nazareth est Vierge, mais elle sait qu'elle ne pourra trouver sa vie qu'en la donnant. Sa virginité n'est pas le signe de son enfermement dans une citadelle imprenable, mais elle est une offrande à la puissance de Dieu, une disponibilité à la grâce.

Elle est pour nous le modèle de la liberté dans l'Alliance avec Dieu. L'Immaculée a laissé le Seigneur écrire en elle, comme on "écrit" une icône, le Mystère du Salut. Il y a un lien entre son silence et sa virginité. Le silence pour que retentisse la Parole. La virginité pour qu'elle devienne épouse, pour que l'Esprit Saint la prenne sous son ombre. La Vierge s'est gardée pour pouvoir mieux se donner.

On ne peut se donner qu'en s'étant d'abord gardé. On ne peut répondre qu'en ayant d'abord appris à se taire.  

 

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L'Annonciation, Rubens