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mercredi, 09 octobre 2013

Coups de feu sur Broadway - Woody Allen

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Film : Coups de feu sur Broadway / Bullets over Broadway (1994, durée 1h39)

Réalisateur : Woody Allen

David Shayne le dramaturge (John Cusack), Helen Sinclair comédienne (Dianne Wiest), Olive Neal (Jennifer Tilly), Cheech (Chazz Palminteri), Julian Marx (Jack Warden), Nick Valenti (Joe Viterelli), Rocco (Tony Sirico), Eden Brent (Tracey Ullman), Sheldon Fendler (Rob Reiner)


 

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Olive Neal : J'en ai marre, j'en ai plus que marre ! J'en ai marre, tu comprends ? Tu peux marcher sur les pieds de tes gorilles tant que tu veux mais moi j'en ai jusque là !

Nick Valenti : Qu'est-ce qu'il y a encore ?

Olive Neal : Je veux pas partager une loge et puis j'en ai plein le dos, tout le monde me bouscule et me piétine ! Y'a pas une pétasse qui sait danser ici alors.

Nick Valenti : C'est la meilleure troupe de New York.

Olive Neal : Mon cul !

Nick Valenti : Oh, ça va, la ferme !

Olive Neal : Mon cul ! Mon cul !

Nick Valenti : Olive, calme-toi, Olive, c'est notre anniversaire.

Olive Neal : Pas du tout, c'est pas notre anniversaire, tu deviens gâteux.

Nick Valenti : Ca fait six mois aujourd'hui.

Olive Neal : Et alors ?

Nick Valenti : Je m'en souviens comme si c'était hier, parce que c'est le matin où on a pété les jambes de Joey Benjamin.

Olive Neal : Six mois !! Six mois, six mois et je moisis toujours dans cette saloperie de trou à rats, moi.

Nick Valenti : Olive.

Olive Neal : Quoi ?

Nick Valenti : J't'ai apporté quelque chose.

Olive Neal : Qu'est-ce que c'est ?

Nick Valenti : Ouvre-le.

Olive Neal : Non, toi ouvre-le, tu vois pas que j'me change.

Nick Valenti : Bon, j'vais l'ouvrir. Tiens, regarde.

Olive Neal : Qu'est-ce que c'est ?

Nick Valenti : Des perles. Non mais de quoi ça a l'air ?

Olive Neal : Les perles, c'est blanc !

Nick Valenti : C'est des perles noires.

Olive Neal : Tu te fous de moi ? J'ai jamais entendu parler de perles noires !

Nick Valenti : T'en as jamais entendu parler, ça veut pas dire que ça existe pas.

Olive Neal : Dis donc, pour qui tu m'prends ? Pour une conne !? Des perles noires, tes perles noires, on les a probablement pêchées dans une huitre défectueuse.

Nick Valenti : Mais ces perles sont pas malades, Olive, parce que les perles noires c'est fait pour être noir. Allez ma poulette, sois pas comme ça. Tu sais bien que j'suis fou d'toi.

Olive Neal : Si t'es tellement fou de moi, Nicky, pourquoi tu m'fais pas sortir de cette troupe pouilleuse, hein ? J'suis venue à New York pour être actrice, j'ai des dons pour faire actrice.

Nick Valenti : Mais oui, ma belle, tu seras une grande actrice, une promesse est une promesse. Allez-allez, vas vite t'habiller, j'tamène à Harlem.

Olive Neal : Au Cotton Club !?

Nick Valenti : Oui, ma belle.

Olive Neal : D'accord ! 

 

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David Shayne : Non, mais j'te l'dis, ils lisent ma pièce et elle leur fait peur.

- C'est sans rapport, c'est sans rapport !

David Shayne : C'est pas sans rapport !

- Ce que je te faire remarquer, c'est qu'aucun véritable grand artiste n'a été reconnu comme tel de son vivant. Prends Van Gogh ou Edgar Allan Poe. Poe est mort de froid et dans la misère avec son chat enroulé sur ses pieds.

- Tu vois, David, ne désespère pas, on te produira peut-être à titre posthume.

- Tu sais, j'ai jamais eu une pièce de moi montée, et c'est vrai hein, et j'écris une pièce par an depuis maintenant vingt ans.

David Shayne : Oui, ça c'est parce que tu es un génie. Et la preuve, c'est que pour monsieur tout-le-monde comme pour les intellectuels, ton œuvre est totalement incohérente, donc tu es un génie.

- Nous avons tous nos heures de doute, tu sais. Tiens, je peins une toile par semaine, moi. J'y jette un seul coup d'oeil et je la lacère à coups de rasoir.

- C'est ce qu'il y a de mieux à faire dans ton cas.

Elise : Moi j'ai foi en tes pièces, David. J'ai toujours eu foi.

David Shayne : Elle a foi en mes pièces parce qu'elle m'aime.

Elise : Non, c'est aussi parce que t'es un génie.

David Shayne : Quand je pense qu'il y a dix ans, j'ai kidnappé cette femme, je l'ai arrachée à une belle existence bourgeoise à Pittsburgh et depuis, je lui fais mener une vie de chien.

- Elise, crois-moi, si c'est un type bien, cramponne-toi. Vous savez, l'erreur que nous faisons, nous les femmes, c'est de tomber amoureuse de l'artiste. Eh, vous écoutez les gars ? On tombe amoureuse de l'artiste, pas de l'homme.

- Je trouve pas que ce soit une erreur. On peut pas différencier. Disons qu'il y a le feu, une maison qui brûle, et que vous pouvez vous précipiter et sauver seulement une chose, soit l'unique exemplaire des œuvres de Shakespeare ou un quelconque être humain anonyme. Qu'est-ce que vous faites ?

David Shayne : On n'a pas le droit de priver le monde de ces chefs-d'oeuvre.

- C'est insensé, il faut partir du principe que la vie des gens est un objet inanimé.

- C'est pas un objet inanimé, c'est de l'art. L'art c'est la vie. L'art ça vit.

 

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David Shayne : Flender ! Flender, réveille-toi, c'est David Shayne. Il faut que je te parle. Je t'en prie, Flender. Flender !

Flender : Ha ha ha, regardez qui est là, la coqueluche de Broadway. "Moi, je n'écris pas des succès, mes pièces sont de l'art, expressément écrites pour ne pas être produites."

David Shayne : Oui, Elise est là ?

Flender : Non, elle est pas là.

David Shayne : Je crois que si.

Elise : Je te félicite de ton succès, David, j'ai toujours cru en tont talent.

David Shayne : Oui, eh bien tu avais tort. Il faut que je te pose une question.

Elise : Quoi ?

David Shayne : Tu aimais en moi l'artiste, ou l'homme ?

Elise : Les deux.

David Shayne : Même s'il devait s'avérer que je ne suis pas vraiment un artiste ?

Elise : Je pourrais aimer un homme qui n'est pas un vrai artiste, mais je pourrais pas aimer un artiste qui n'est pas un vrai homme.

Flender : eh mais-mais, c'est horrible tout ça, parce qu'elle est avec moi maintenant!

David Shayne : C'est ça que tu veux, être avec Flender ? Tu veux être avec Flender ?

Elise : Hey ! Flender est un très bon amant.

Rita, d'une fenêtre de l'immeuble en face : J'ai couché avec Flender. Il était tout juste passable.

Elise : C'est vrai ?

Flender : Rita, Rita, s'il te plaît, mais qu'est-ce que tu racontes ? C'était il y a des années, pendant ta période amours libres.

Elise : Je pense que c'est relatif. Avec moi, il est formidable.

Rita : Très intéressant. Tu parles pure mécanique ou quoi ?

Elise : Il a une technique prodigieuse.

Flender : Prodigieuse.

David Shayne : Là, tu confonds sexe et amour !

Rita : Non, pour moi, l'amour va très profond. Le sexe ne va qu'à quelques centimètres.

Pfendler : Vous, vous êtes tous à côté de la plaque. Vous negligez le fait que je donne du plaisir plusieurs fois par jour !

Rita : Allons, Flender, qu'est-ce que la quantité a à voir dans tout ça ?

Flender : La quantité, la quantité conditionne la qualité ?

David Shayne : D'après qui ?

Flender : Karl Marx !

Rita : Ah, alors, si on se met à parler économie.

Flender : Le sexe c'est "économie".

David Shayne : Foutaises. Elise, viens, descends, je veux te parler. Elise, je t'aime, je veux te voir descends.

Elise : D'accord.

Flender : Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire "d'accord" ? Qu'est-ce que je deviens, moi ?

Elise : T'es génial, Flender, mais c'est inutile. Je ne guérirai jamais de David. Tu as bien dû te rendre compte qu'à chaque fois que j'ai un orgasme, je crie "David ! David !"

Flender : J'avais compris que tu disais "va vite ! va vite !"

Rita : Flender, fiche-leur la paix, voyons. Tu ne vois pas qu'ils s'aiment tous les deux.

David Shayne : C'en est fini de tout ça. Fini de vivre dans des mansardes, de manger du fromage et de boire de la vinasse en discourant sur l'art dans des cafés, c'est fini. Je t'aime. Je veux qu'on se marie, on va retourner à Pittsburgh...

Elise : Mais tu es une vedette. Ta pièce est un succès.

David Shayne : ... j'enseignerai, on aura des gosses. 

Elise : Pourquoi est-ce que soudain tu as changé ?

David Shayne : Parce que j'ai bien trop perdu de temps, parce que je t'aime

Elise : Mais tu es un artiste.

David Shayne : Non, pas du tout, pas du tout. Je t'expliquerai ça quand on sera dans le train pour Pittsburgh. Il y a deux choses dont je suis bien certain : primo je t'aime, et secondo je suis pas un artiste. Ca y est, je l'ai dit, je me sens libre. J'sui pas un artiste... Veux-tu m'épouser ?

Elise : Oui.

 

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