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mardi, 10 février 2015

Considération sur la peinture - PEPA

 

illustration peintre PEPA.jpg
Vogel - "Peintres" -  L'assiette au Beurre, avril 1904

 

J'ai tendance à mépriser cordialement les hommes de lettres qui se mêlent de nous exprimer leur extase devant la peinture, - au moins autant, que les artistes-peintres qui commettent ça comme un délit, sans vouloir se tacher, et le petit doigt en l'air ; - tels qu'ils cultiveraient des géraniums sur un balcon, ou qu'ils remueraient leur pinceau dans une tasse de thé.

Pour comprendre quelque chose à un tableau, il faut en avoir pris plein les yeux de giclées et de dégoulinades, - comme Michel-Ange arc-bouté sous sa voûte céleste de la Sixtine...

Enfin, sans aller jusque là... il convient, au moins, de savoir que la peinture est un métier salissant, au moins autant que de démonter un pneu, ou de changer une chaîne de vélo... - un métier qui vous fout des crachats de couleurs sur la barbe, vous postillonne des éclats de pigments sur le plastron, et vous laisse volontiers, sous les ongles et au bout des doigts, de l'indécrassable noir de fusain, ou de mine de plomb ; - pour peu qu'on s'en approche de trop près, qu'on ne commettre pas l'acte d'un coup de dessin ou de brosse distrait, et avec le souci de se mettre, aux mains, des gants de caoutchouc qui seraient l'équivalent d'une capote anglaise enfilée ailleurs...

 

Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino - "Journal impossible"
7 février 2015

 

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