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lundi, 31 mars 2014

La guitare de diamants I - Truman Capote

 

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Nuit étoilée, Van Gogh

 

Pour la version originale, en anglais : http://capoteweb.com/a-diamond-guitar/

 

Extrait de La guitare de diamants, 1958, Truman Capote, Folio Gallimard :

 

[...] Il y a deux dortoirs, dans de longs bâtiments verts, en bois, avec des toits de papier goudronné. Chaque dortoir comporte un gros poêle ventru, mais les hivers de la région sont froids, et la nuit, tandis que les pins gelés se balancent et qu'une clarté glaciale tombe de la lune, les hommes étendus sur leurs couchettes de fer demeurent éveillés, avec les rougeoiements du feu dansant dans leurs yeux.

Les hommes dont les couchettes sont le plus près du feu sont les hommes importants, ceux que l'on considère avec respect ou que l'on craint. Mr. Schaeffer est un de ces hommes. [...]

Mr. Schaeffer leva les yeux vers le garçon et sourit. Il lui sourit plus longtemps qu'il ne souhaitait le faire, car le garçon avait des yeux comme des stries de ciel, bleus comme le soir d'hiver, et ses cheveux étaient de l'or des dents du Capitaine. Son visage était rieur, flexible, intelligent. En le regardant, Mr. Schaeffer pensa à des vacances, à des choses gaies. 

"L'est comme ma petite soeur", dit Tico Feo en touchant la poupée de Mr. Schaeffer. Sa voix, avec son accent cubain, était lisse et douce comme une banane. "Elle s'assoit aussi sur mes genoux !"

Mr. Schaeffer fut pris d'une timidité soudaine. Saluant le Capitaine il s'enfonça dans les ombres de la cour. Il se tint là, murmurant le nom des étoiles du soir comme elles s'épanouissaient au-dessus de lui. Les étoiles étaient sa joie, mais ce soir-là, elles ne le réconfortèrent pas. Elles ne lui rappelèrent pas que ce qui nous arrive sur terre se perd dans l'infini rayonnement de l'éternité. Et, les contemplant, ces étoiles, il pensa à la guitare de joyaux et à son terrestre scintillement.

On pourrait dire de Mr. Schaeffer que, dans sa vie, il n'avait réellement commis qu'une mauvaise action. Il avait tué un homme. Les circonstances de cet acte sont de peu d'importance, sinon pour observer que l'homme méritait de mourir mais que pour cela Mr. Schaeffer avait été condamné à quatre-vingt-dix-neuf ans et un jour de prison. Depuis longtemps, en fait depuis de nombreuses années, il ne pensait plus à ce qui avait précédé son arrivée à la ferme. Les souvenirs de ce temps-là étaient comme ceux qu'une maison inhabitée dont les meubles sont tombés en poussière. Mais ce soir-là, c'était comme si des lampes avaient été allumées à travers les lugubres chambres mortes. Cela avait commencé en voyant Tico Feo s'avancer à travers le crépuscule avec sa splendide guitare. Jusqu'à ce moment il n'avait pas mesuré sa solitude. A présent qu'il en avait pris conscience il se sentait vivant. Etre vivant c'était se souvenir des rivières brunes où courent les poissons et du soleil sur des cheveux de femme.

[...] lorsque Mr. Schaeffer revint de sa contemplation des étoiles, il fut confronté à un spectacle barbare et bruyant. Assis en tailleur sur une couchette, Tico Feo pinçait sa guitare de ses longs doigts souples, et chantait une chanson aussi gaie que des sous que l'on remue. [...]

 

> A consulter également : http://echo.levillage.org/317/6151.cbb 

 

breakfast at tiffany's, petit dejeuner chez tiffany, truman capoteSe procurer l'ouvrage :

Petit-déjeuner chez Tiffany

Truman Capote

1958 (1962 pour la traduction)

Folio, Gallimard

192 pages

http://www.amazon.fr/Petit-d%C3%A9jeuner-chez-Tiffany-Truman-Capote/dp/2070363643/ref=sr_1_7?ie=UTF8&qid=1362135760&sr=8-7

 

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