samedi, 22 décembre 2012
Le surréaliste prix des zartistes
Animaux, Dali
Source : Madame Figaro supplément au Figaro n°21229 et 212230 des 2 et 3 novembre 2012
"Métropolitain par Marc Lambron - Adjugé !"
La scène est au palais de Tokyo, temple parisien de l'art contemporain. Ce soir, au bénéfice du musée, on procède à la première vente aux enchères de l'immatériel. De quoi s'agit-il ? De vendre non pas des œuvres, mais des moments.
Des artistes et des personnalités ont accepté de se prêter au jeu : ils se transforment en lots humains. Exemple : contre enchère, l'artiste Hiroshi Sugimoto vous convie à prendre un thé japonais et à discuter de Marcel Duchamp dans la salle de thé qu'il a dessinée à New York. Ou bien : Bertrand Lavier, actuellement explosé au Centre Pompidou, vous invite à faire un tour du périphérique dans sa Ferrari.
Une foule dense et amusée se presse autour du commissaire-priseur, Brook Hazelton, un Américain natif de Carmel, Californie, ville dont Clint Eastwood fut le maire. La vente s'ouvre avec le lot Pierre Bergé, qui se transformera en guide de la Fondation Saint-Laurent pour l'heureux enchérisseur. Des mains se lèvent, on renchérit, et le lot part à 3 000 euros. Adjugé !
Ce qui est amusant, mais rude pour l'ego de ces grands narcisses que sont les artistes, c'est que la vente de l'immatériel établit une sorte de cote sauvage. Une promenade au clair de lune sur les canaux vénitiens avec Martin Bethenod, directeur du Palazzo Grassi : 4 500 euros. Une journée filmée vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans l'atelier de Christian Boltanski : 2 500 euros. Une réplique dans le prochain film d'Elie Chouraqui, avec Michel Bouquet, André Dussolier, Michel Galabru, Virginie Ledoyen : 4 000 euros. Un week-end dans la propriété de Wim Delvoye, près de Gand : 5 000 euros. Les lots se succèdent. Le remodelage de soi-même par Jean-Paul Goude part à 3 000 euros. Un cours de dessin avec Fabrice Hyper : 2 000 euros. Un diner iranien concocté par Shirin Neshat : 2 500 euros. Xavier Veilhan vous emmène faire un tour en mer et vous invite à déjeuner dans son atelier : 5 000 euros. Quant à la promenade dans le potager d'Alain Passard, suivie d'une dégustation mitonnée des découvertes du jour, elle atteint 2 500 euros.
Dans toute vente, il y a un moment où les enchères s'affolent. Là, c'est le lot Daniel Firman qui enflamme la salle. Son intitulé ? "Vous avez rêvé d'être un modèle ? Allez plus loin, l'artiste moule votre corps et vous transforme pour l'éternité en une sculpture originale." Enchère finale à 25 000 euros !
J'oserai ajouter que j'étais moi-même l'un des lots de cette vente. Le thème ? "Accompagner Marc Lambron pour un dîner parisien en très bonne compagnie." Curieuse sensation que d'être adjugé sous le marteau d'un commissaire-priseur. Mais, au milieu de la marchandisation lugubre du monde, il est agréable d'être vendu avec humour pour la bonne cause, celle du programme "Young Curators" du palais de Tokyo. Quant à mon prix, il serait indélicat de le mentionner pour la femme exquise qui a eu la gentillesse de l'acquitter.
> Pour d'autres enchères :
Une histoire de célèbres escarpins
http://www.grazia.fr/societe/news/les-escarpins-de-marie-...
Et en voici une qui pourrait avoir chaud aux fesses à force de ne pas avoir froid aux yeux...
(Source : Direct Matin, lundi 26 novembre 2012)
08:00 Publié dans Beaux-Arts, Peinture, Trivialités parisiennes | Lien permanent | Commentaires (0)
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