Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 31 octobre 2013

Quand les sous sont gros

 

20130523-2332 - Antoine Peillon ces 600 mds qui manquent à la France.jpg
Antoine Peillon sur France 2 le 25 mai 20123

 

Extrait de Ces 600 milliards qui manquent à la France, Antoine Peillon, Seuil, 2012 :

 

[...] Le 12 mai 2011, l'ex-épouse d'Hubert Martigny, Carla Maria Tarditi, a déposé plainte contre X, avec constitution de partie civile, pour faux et usage de faux, abus de bien social, complicité et recel, blanchiment d'argent et fraude fiscale... Cette démarche vise ouvertement l'ancien époux lui-même, selon les déclarations de maître Claude Dumont-Beghi, l'avocate de la plaignant, qui dénonçait, fin mai 2011, une "stratégie confuse, voire opaque de M. Martigny en ce qui concerne l'aspect pécuniaire de toutes ces opérations, de l'origine des fonds, les flux financiers utilisés et l'implication active ou passive du pouvoir politique.

Ces derniers propos sont lourds de menace, on le comprend bien. Mais de quoi s'agit-il précisément ? Le cofondateur d'Altran, par ailleurs adhérent de l'UMP, est en réalité soupçonné d'importantes manipulations financières dans le cadre de l'achat, puis de la location et enfin de la revente de la célèbre salle Pleyel, une des grandes scènes parisiennes de concert, le tout entre 2004 et 2009. En 1998, le Crédit lyonnais lui avait vendu celle-ci pour 10 millions d'eurs. Hubert Martigny en confie alors la direction artistique et la gérance à son épouse, Carla Maria Tarditi, chef d'orchestre. Le 8 novembre 2004, avec l'aval du ministre de la Culture de l'époque, Renaud Donnedieu de Vabres, et aussi avec celui de l'Economie et des Finances, Nicolas Sarkozy, la Cité de la Musique singe un bail de location-vente de la salle pour cinquante ans, à raison de 1,5 million d'euros de loyer annuel, au terme duquel l'ensemble Pleyel devait devenir propriété de l'Etat, en 2054 donc, pour un dernier euro symbolique. La "bonne affaire" (une plus-value de 65 millions d'euros brut) intrigue certains, dont un fonctionnaire du service des Domaines, du ministère de l'Economie et des Finances, qui dénonce, plus tard, "un passage en force du cabinet Sarkozy", alors qu'il apparaît que Christian Ciganer, fère de Cécilia Sarkozy, s'était "occupe de l'ingénierie financière du projet*".

Finalement, à la demande d'Hubert Martigny, l'Etat procède en avril 2009 à un rachat anticipé de Pleyel, pour un montant de 60,5 millions d'euros ! Le ministre du Budget de l'époque, Eric Woerth, par ailleurs trésorier de l'UMP jusqu'en juillet 2010, n'y voit aucun inconvénient... En revanche, l'ex-épouse d'Hubert Martigny jette, de son côté, le doute sur la régularité des montages et des flux financiers successifs dont elle a été en partie le témoin lors de l'achat, de la location et de la vente finale de la salle de spectacle, montages et flux qui auraient permis, selon elle, l' "évasion du patrimoine d'Hubert Martigny" dans des paradis fiscaux et vers des sociétés domicilées à l'étranger et qui s'apparenteraient à des "techniques de blanchiment d'argent". [...]

"[...] La souris [le curseur sur l'écran, en fait] de mon ordinateur bouge seule, sans que je la touche, et ce depuis fin 2008. Mon ordinateur est suivi, cela ne fait aucun doute. Une personne de l'équipe informatique de Paris m'avait dit ne pas avoir la main sur mon PC ; le disque dur de celui-ci est bizarrement aussi tombé en panne, irréparable, juste après mon courrier de décembre 2008 au président d'UBS France [où Guimel dénonçait les pressions dont il était l'objet]."

[...]

C'était, jusqu'en 2007, la mission prestigieuse de Stéphanie G., m'explique Guimel : organiser, chaque année, la centaine d'événements mondains, culturels et sportifs qui réunissaient de façon festive les centaines de clients ou futurs clients français d'UBS avec leurs chargés d'affaires français... ou suisses. [...]

Je n'ai pas besoin d'être devin pour savoir quelles autres questions ont été posées ces deux jours-là à Eric Woerth. Une première série d'interrogations l'ont sans doute confronté aux liens particulièrement étroits qui le liaient à Liliane Bettencourt et à ses plus proches conseillers. Comment a-t-il pu aussi justifier l'embauche, à sa demande, de sa femme Florence par Patrice de Maistre, fin 2007, en tant que directrice des investissements de Clymène, la société de gestion des avoirs de Liliane Bettencourt ? En effet, le 29 octobre 2009, l'omniprésent Patrice de Maistre expliquait ainsi à Liliane Bettencourt qui était Eric Woerth : "C'est le mari de Mme Woerth, que vous employez, qui est une de mes collaboratrices... (...) Lui est très sympathique et c'est notre ministre du Budget. (...) Il est très sympathique et en plus c'est lui qui s'occupe de vos impôts, donc je trouve que ce n'était pas idiot [d'embaucher son épouse]." Réciproquement, le 23 avril 2010, dans un contexte devenu délicat, Patrice de Maistre expliquait à l'héritière L'Oréal, à propos de Florence Woerth : "Je me suis trompé quand je l'ai engagée. [...] J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre des Finances [du Budget], il m'a demandé de le faire."

[...]

 

¤     ¤     ¤     ¤     ¤

 

* Jacques Follorou, "Questions sur le rôle d'un beau-frère de M. Sarkozy dans la vente de Pleyel", dans Le Monde date du 31 mars 2007.

 

 

ces 600 milliards qui manquent à la France.jpgSe procurer l'ouvrage :

Ces 600 milliards qui manquent à la France

Antoine Peillon

mars 2012

Seuil

212 pages

http://www.amazon.fr/Ces-600-milliards-manquent-France/dp...

 

Les commentaires sont fermés.