vendredi, 08 mars 2013
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse : Au musée d'Orsay
Deuxième partie
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Les coquelicots, Monet
Le déjeuner sur l'herbet, Manet
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jeudi, 07 mars 2013
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse : Au musée d'Orsay
Première partie
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
Maquette du Musée d'Orsay au Musée d'Orsay
Crédits photographiques Jana Hobeika
La Source, Jean Auguste La Vérité, Jules Lefèbvre
Vierge adorant l'Ostie, Ingres
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vendredi, 21 septembre 2012
Considérations sur l'architecture - Romain Debluë
Extrait de "L'art abstrait : imposture d'un oxymore", 2012, Romain Debluë
[...] le très significatif Centre Pompidou mérite, je crois, une mention spéciale et quelques lignes spécialement à lui consacrées tant son cas est limpide d'exemplarité, dont Baudrillard, encore, écrivait qu'il était "pour la première fois à l'échelle de la culture ce que l'hypermarché est à l'échelle de la marchandise." *
Premier musée qui assume pleinement et revendique, en portant haut les couleurs de l'industrialisation culturelle généralisée, la nouvelle condition du postart contempteur du Beau et contemplateur du Rien, il est aussi le premier monument à n'en être plus un, puisque le propre de ce genre de bâtiment était, lors d'héroïques époques où le métier d'architecte ne congruait point encore à celui d'éboueur, de constituer mieux et plus qu'une simple coquille à l'intérieur de laquelle on disposerait d'un espace protégé, c'est-à-dire de réaliser en quelque sorte une synthèse esthétique entre l'extérieur et l'intérieur, le contenu et le contenant.
Car de tels ouvrages dataient de temps historiques où point encore pour le spectateur lambda n'était-il besoin de constater la laideur de l'écrin pour apprécier les œuvres qui s'y trouvaient exposées. En revanche, lors des multiples expositions d'art contemporain, il vaut mieux - et c'est là que scintille comme un diamant méphitique le coup de génie de Renzo Piano et Richard Rogers - que l'environnement d'exposition constitue un monde assez immonde pour que la médiocrité des pièces, par contraste, s'en trouve suffisamment rehaussée ; ce afin de pouvoir offrir au visiteur myope la suave illusion de l'immarcescible talent là où il n'y est en réalité que fumiste esbroufe.
Ainsi, lorsque par inadvertance mentale on pénètre dans Beaubourg (que l'on aurait sans doute dû nommer Salebourg), l'on est tellement soulagé de ne plus avoir à supporter la vue de ses canalisations multicolores, érodées, démodées, patitubulaires, et autres impédiments aux surnaturelles aspirations de l'Homme vers le Beau, que l'on accepte comme une délivrance esthétique de premier ordre la moindre croûte qui nous peut tomber sous les yeux, sans n'être plus capable alors de la moindre réflexion critique, tant il nous en a coûté de pénétrer dans les intestins d'un aussi sinistre monstre, dont le seul avantage est d'offrir aux alpinistes téméraires une magnifique vue des toits de Paris.
Comme l'art contemporain, dont il n'est rien d'autre que la très symbolique cristallisation architecturale, il est impossible de regarder le Centre Pompidou de l'extérieur sans éprouver un dégoût général et particulier qu'aucun bâtiment, dans toute l'histoire des musées d'Europe sans doute, n'a jamais réussi à provoquer avec une telle intensité.
Mais, malgré le caractère résolument burlesque de telle mycètique excroissance urbaine, la possibilité même d'une aussi diabolique apparition dans le paysage architectural parisien plonge ses rhizomiques racines au plus profond des imbuvables déboires subits au début du XXe siècle par les arts plastiques, - entre autres. Ceux-ci se peuvent subsumer sous une bien précise notion, quoique coiffée d'une fort oxymorique dénomination : l'art abstrait. ** C'est-à-dire l'art sans Figure, l'art sans visage, l'art de l'ère consumante, consumée et consumériste, l'art des temps de l'anonyme et du général, de la désincarnation radicale et festive ; l'art qui de lui-même se "tire hors de" la réalité et du monde, qui s'échappe même de l'Être pour tendre de toutes ses forces faméliques vers une régression enthousiaste vers une bouillie de néant dont l'originellité fut instinctivement élevée au rang d'indiscutable Vérité de foi par les grouillants nihilomorphes des modernes temps de l'Informe.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤
* Baudrillard, L'Effet Beaubourg. Implosion et dissuasion, Galilée, 1977, pp. 32-33.
** Et, par pitié !, que l'on n'oppose point à telle reconnaissance de paternité l'inepte argument de la diversité, d'ailleurs illusoire, de l'art contemporain car chacune de ses métamorphoses de surface, jusques aux plus tristes confins de l'hyperréalisme, ne sont que manière de commettre quelque habile variation sur ce même thème. La seule différence étant constituée par l'attitude qu'adoptent les néozartistes à l'égard du spirituel, soit le gommant radicalement (hyperréalisme, par exemple), soit en lui offrant la primauté intellectuelle radicale (art conceptuel). En tous les cas, esprit et matière se trouvent radicalement dissociés et la chair ainsi rendue irrémédiablement triste, hélas, car elle a visité tous les musées.
> A consulter pour le texte intégral et beaucoup plus : http://amicusveritatis.over-blog.com/article-l-art-abstra...
09:10 Publié dans Architecture, Beaux-Arts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : romain debluë, architecture, pompidou
jeudi, 20 septembre 2012
Considérations sur l'architecture - Stéphane Zagdanski
Extrait de Miroir Amer, 1999, Stéphane Zagdanski, Coll. L'infini, Gallimard :
[...]
Le grand architecte Angel Nivelard avait déjà pondu dans plusieurs capitales de la planète ses gigantesques cubes de glace, ziggourats vitrifiées d'acier et de filins consacrées aux indissociables divinités du reflet, du regard, de la transparence.
Le parcours du génie était célèbre.
Sa mère avait toujours désiré une fille, elle ne l'habilla jamais comme un garçon. Jusqu'à sa puberté, elle lui brandit chaque jour un miroir à la face en minaudant : "Regarde comme tu es jolie !" Angel n'acquit ainsi nullement la notion anodine de différence des sexes. Toute frontière lui devint floue. Il ne supportait pas qu'on trace une limite entre quoi que ce soit et quoi que ce soit. Il vécut longtemps connecté en permanence sur Internet, adepte fanatique du VVVV, Village Virtuel de la Vision Vraie, sans murs, sans portes, sans limites. Client exclusif de Louis Galle - le couturier qui fonda sa réputation subversive en démocratisant les jupes pour hommes -, il mit pour sa part à la mode le piercing des paupières.
Il devint surtout l'intraitable apôtre du voyeurisme polymorphe.
Quand on lui confia le projet de l'hôpital Rembrandt, il considéra que celui-ci renfermait suffisamment de ténèbres au cœur de son nom pour bannir tout ce qui participerait de la nuit au sein de sa structure.
C'est ainsi que s'érigent les plus aberrantes constructions ultramodernes. Leur base insoupçonnée est une tocade singulière, sans queue ni tête, une impulsive répugnance qui ravage tout sur son passage, un Attila de laideur conduisant une cohorte grimaçante de fantasmes asexués. C'est sur cette base enfouie que s'érige à grand renfort de technique informatisée, d'argent détourné et de propagande théorique assermentée, toute une machinerie de matières froides, rigides, frigides.
Faites comme si je n'étais pas là ! semblait être l'impérieux mot d'ordre de l'hôpital Rembrandt où des milliers d'être humains pénétraient chaque jour comme dans un temple de la surveillance révélée.
Il faut dire que la rue Morgue portait bien son nom. Elle ne s'émut pas outre mesure de l'apparition sur son flanc droit de cet étrange bubon miroitant contre lequel s'irisaient ses propres arbres, ses lampadaires, ses passants, ses voitures, et les immeubles de son flanc gauche. Tout y était redoublé, mais teinté d'argent. La rue vibrionnante de couleurs, de mouvements, de cris et de vrombissements, avait été capturée dans un scaphandre de pure étendue grise, une capsule de rutilements à l'épreuve de l'impureté du temps.
Mais au verso de cette intangible, impavide, inexpugnable muraille, une fois enfreint l'amer mirage métallisé, tout s'éclairait.
Rampes de néons lunaires, légions d'halogènes projetant leurs auras boréales, murs translucides et caméras à tous les étages s'entendaient à chasser la moindre parcelle d'ombre avec un acharnement réservé usuellement à la poussière. Les infirmières se déplaçaient, les médecins devisaient, les laborantins manipulaient, les machines clignotaient, les gardiens somnolaient, les ascenseurs s'activaient - aussi diaphanes que les parois contre lesquelles ils glissaient -, sous l'omniprésent regard de tout-un-chacun. L'hôpital Rembrandt était un titan radiographié en permanence depuis l'intimité de ses propres organes. Ici, chacun pouvait assister au spectacle de sa cité limpide suspendue dans les airs, comme un hologramme détaillé projeté à vingt mètres du trottoir dédaigneux de la rue Morgue.
Dès le hall d'entrée éclatait la devise de l'hôpital, sculptée en gros caractères cristallins, sous l'immense bas-relief en verre dépoli représentant La Leçon d'anatomie :
IN VITRO VERITAS
[...]
Bien entendu, dans l'interstice, il y a les corps que ces chiffres concernent. Les malades qui entrent ici, les morts qui en sortent, et tous ceux qui n'entrent ni ne sortent : les cadavres en transit au sous-sol, à la morgue. Il y a les souffrances, les souffles courts, les gémissements, les naissances, les bonnes, les mauvaises, les abominables nouvelles, les faits et les gestes risiblement humains qui ne sont en réalité que la part obscure de l'immense vaisseau vitrifié, sa soute de matières premières, son fuel de sangs, son charbon d'organes, son essence de spermes, son huile de peaux que la machine ingurgite, consomme et consume pour faire fonctionner sa montagne de chiffres.
Chiffres sur les moniteurs, les cadrans, les éprouvettes, les codes barres des étiquettes, les feuilles de soin, les bulletins d'entrée et de sortie, les bons de commande des substances chimiques, les sachets de seringues, les boîtes de compresses, les panneaux indicateurs dans les couloirs, les instruments de mesure, les thermomètres, les chronomètres, le encéphalogrammes, les cardiogrammes, les écrans de radiologie, les télés de surveillance, le réseau des ordinateurs, les balances et les échelles de croissance dans la nurserie, les agendas des chirurgiens, les livres des psychologues, ceux qu'ils lisent, ceux que les plus audacieux écrivent, les sigles sur les portes des labos, les numéros des salles et des chambres, les codes gigantesques peints à même le goudron pour guider les ambulances et ceux sur la grosse cible où atterrissent l'hélicoptère bleu et blanc du Samu et l'hélicoptère rouge sang des pompiers.
[...]
Se procurer l'ouvrage :
Miroir Amer
Stéphane Zagdanski
1999
Coll. L'infini, Gallimard
147 pages
> A consulter également, Paroles des Jours, le très généreux site de Stéphane Zagdanski : http://parolesdesjours.free.fr/
09:07 Publié dans Architecture, Beaux-Arts, Ecrits, littérature contemporaine, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miroir, amer, stéphane zagdanski, architecture, hopital