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dimanche, 14 juin 2015

En terre

 

pere lachaise, tombe, cimetierehttp://savoieinparis.free.fr/info/monuments/pere-lachaise/index.htm

 

 

5ème dimanche de Pâques, semaine du 3 au 9 mai 2015, bulletin paroissial n°36 :

> http://1kzx.mj.am/nl/1kzx/1xuw9.html

"Incinération ?", Père Etienne Masquelier, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy

  « Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe un bouquet de houx vert et de bruyères en fleur ». Victor Hugo termine ainsi le poème Demain, dès l’aube pour sa fille Léopoldine, disparue à 19 ans.

   Les indiens brûlent les corps des défunts en parfaite cohérence avec leur vision du monde puisque, selon eux, avec la mort, l’individu se dissout dans le grand tout, dans un bonheur impersonnel. La foi chrétienne, quant à elle, s’appuie sur la personne de Jésus ressuscité qui promet à chacun la résurrection intégrale, jusqu’en son corps singulier. Reconnaissons aux bûchers du Gange un enracinement religieux et philosophique et une certaine beauté. Mais l’incinération, quant à elle, est un processus industriel sinistre, rapide et violent. Les os sont souvent, ou toujours, broyés car ils ne peuvent se consumer facilement.

   L’occident chrétien avait la pratique de veiller les morts, d’embaumer le défunt, chez lui, sur son lit. On le veillait quelques jours, le temps que la famille se réunisse. La transition était plus douce, l’espérance mieux accompagnée. Au contraire, nos contemporains préfèrent camoufler la mort et oublier cet adversaire devenu terrible, car synonyme de néant complet. La pratique de l’incinération est tolérée par l’Eglise si elle n’est pas un manifeste contre la foi chrétienne, mais n’est-elle pas, implicitement, un acte en soi contre la foi ? Certes, le corps pourrira avant de ressusciter au dernier jour. Mais, même mort, il possède ses lois données par Dieu et se décomposera lentement, sur plusieurs générations, car le deuil, lui aussi, a sa temporalité.

   Une église, une liturgie et des chants adaptés, des fleurs, des bougies allumées, un cimetière, le marbre d’une tombe, le bois d’un cercueil, un nom gravé dans la pierre, la croix qui le surplombe… Notre société, portée par la foi chrétienne, a lentement affiné sa façon d’accompagner ceux qui sont tristes et espèrent. Où Victor Hugo aurait-il pu poser son bouquet de houx vert et de bruyères en fleur ? Où donc vos enfants évoqueront-ils votre mémoire devant vos petits-enfants ? Mon enterrement n’est pas une question individuelle, il concerne tous ceux qui me pleureront et qui voudront montrer leur amour et leur foi, par une visite, une prière ou un bouquet.

   La mode de l’incinération semble donc une nouvelle harmonique de la déprime occidentale qui rejette le génie de son passé. L’incinération n’est-elle pas le meilleur moyen de disparaître sans laisser de traces, alors que le Créateur a voulu que nous imprimions notre empreinte dans ce monde où nous avons aimé ? Un monde dans lequel Dieu lui-même a aimé et pris chair.

 

07:00 Publié dans Foi | Lien permanent | Commentaires (0)

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