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vendredi, 22 mai 2015

Fantaisie pour piano, chœurs et orchestre en do mineur, opus 80 - Beethov, PEPA

 

Trille à la treizième minute

 

Mai 1948, concert donné par le Ministère de l'Education nationale au Théâtre des Champs-Elysées
Orchestre National de la Radiodiffusion Française dirigé par Roger Désormière,
Aline van Barentzen au piano, chœurs dirigés par René Alix


https://www.youtube.com/watch?v=SrU2DKqSV90

 

 

Ce pauvre vieux Ludwig, - qui frappait comme un sourd, au cœur de quelques idiotes poupées viennoises... ! Ce n'est pas ces automates en chiffons, les pauvres Brunschwig et autres dindes (même "immortellement bien-aimées"), qui eussent pu satisfaire à son appétit de Titan... Il avait un désir grand et superlatif, à envahir l'Europe, - un machin comme ça, à vous éclater le cul des nations, et à vous culbuter les frontières. Mais, pas à la façon de Napoléon, - à coups de canons... Lui, c'eût été avec des bataillons infatigables de doubles croches, d'opiniâtres 5-4-2 / 6-5-4 de finale qui n'en finissent plus de crier : « non, non, pas encore : il y a quelque chose, au-delà, que je n'ai pas encore atteint, ni embrassé »...

« Sei umschlungen, Millionen », - il était naturel que les vers de Schiller finissent par lui tomber « naturellement » sous les notes, dans la IXème symphonie, - ce « monstre » musical, qui dépasse son intitulé de « symphonie », comme « La divine comédie » de Dante outrepasse l'appellation de « poème ».

Ce n'est plus l'antienne à la foudre, nourrie par l'électrolyse nerveuse de la révolution française, sa rêverie active et ses purgatifs mesmérismes dans une baignoire de sang... C'est l'hymne du monde, - qui fait sauter les boutons d'uniforme des vieilles lois, et craquer les coutures des patries. A n'en pas douter, cet homme qui, sur son lit de mort, envoya, au milieu d'un orage de neige, son poing à la face du ciel, fût volontiers, avec son nez cassé et sa face au beurre-noir, allé boxer, s'il l'eût pu, les étoiles.
...

PEPA, Beethov
BeethovenPierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino

 

Ici, c'est le brave Désormière, - qui était, non seulement un chef d'orchestre, mais, un musicien "à idées"... et, du genre : "prolétaires de tous pays", résistantes, et coco-collectivistes... (ce qui fait déjà beaucoup, - et, beaucoup trop, pour un Français...) qui s'y colle, - et qui fait merveille, dans ce machin improbable et splendide, que Beethoven a torché en trois jours... juste, afin de clôturer un concert de ses œuvres, en "en foutant plein les oreilles" aux tièdes et aux mijaurées de son temps.

Alors, oui... bon... on se plaindra, que les vers allemands originels dévolus au chœur eussent été traduits... mais, enfin... dans l'original, ils n'étaient déjà -quoique fort éloquents - que de pure "circonstance" : juste pour exprimer, à la demande du compositeur, que l'art fût la plus haute des fraternités humaines, - et qu'à côté de ça, César, et même le petit-Jésus n'eussent qu'à aller se rhabiller...

Les "doigts de l'homme", - oui, mais sur un piano... en quelque sorte...

Oui... ça craque... et ce n'est pas "lisse"... mais, la pulsation est là. Et, chez Beethoven, c'est tout ce qu'il faut, - n'en déplaise à ceux qui veulent lisser les éclairs à la gomina...

Et enfin... ça nous enseignera qu'en 1948, on savait encore, en France, fêter les centenaires des révolutions sans plumes tricolores dans le fion...

Le Romantisme (le vrai, avec majuscule... et, de préférence, d'appellation allemande contrôlée) n'est-ce pas, avant tout, la seule forme accomplie de la révolution permanente... ?

 

 

Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino
21 mai 2015

 

07:00 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

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