mardi, 09 juin 2015
Magic in the Moonlight - Woody Allen
Film : Magic in the moonlight (2014, durée 1h38)
Réalisateur : Woody Allen
Stanley Crawford, magicien alias Wei Ling Soo, alias Taplinger (Colin Firth), sa tante Vanessa (Eileen Atkins), sa fiancée Olivia (Catherine McCormack)
Sophie Baker, voyante (Emma Stone), sa mère et agent (Marcia Gay Harden)
Brice Catledge et sérénadier (Hamish Linklater), sa mère et veuve Grace (Jacki Weaver), sa sœur Caroline (Erica Leerhsen), George, psychiatre et mari de Caroline (Jeremy Shamos), Howard Burkan (Simon McBurney)
Brice : Vous savez que je vous aime.
Sophie : Vous ne devriez pas être si pressé de donner votre cœur.
Brice : En plongeant vos yeux dans les miens et avant même de me connaître, vous m'avez mieux connu que moi-même. Tous mes rêves, toutes mes ambitions. Pitié, ne me dites pas que vous en aimez un autre.
Sophie : Ah mais non ! Non-non ! Bien sûr que non. Je n'ai jamais eu le temps d'aimer qui que ce soit. Nous sommes maman et moi en permanence sur la route. Contrairement à vous, nous sommes de la classe ouvrière.
Brice : Tout ça c'est fini. Je vous bichonnerai. Je m'occuperai de vous toute votre vie. Aimez-vous voyager ? Je veux dire sur des yachts. Est-ce que vous aimez aller à des fêtes ? Acheter des bijoux ? De jolies toilettes ? Aller danser ?
Sophie : Je suis un très bonne danseuse. Et je me ferai sans peine... aux bijoux... et aux yachts...
¤
George : J'ai eu une discussion intéressante avec monsieur Taplinger, puisqu'on le nomme ainsi.
Caroline : Ah oui ?
George : C'est un cas classique de troubles... troubles névrotiques de la personnalité. Oui. Des parents brillants qui ne s'entendaient guère, moins proche de sa mère que de sa tante, complètement obsédé par la mort, n'a absolument foi en rien du tout. Il pense que la vie de l'homme est totalement dénuée de sens. Dépressif dans toute l'acception du mot, il sublime tout dans son art et... c'est un sacré artiste ! Au début, il a pratiqué l'art de l'évasion. Un choix intéressant, typique chez un individu qui veut s'évader du réel. Mais tel Freud, monsieur Taplinger refuse de se laisser séduire par des pensées puérils pour le simple confort qu'elles prodiguent. Un être extrêmement malheureux. Et je dois dire : il me plaît.
Stanley : La Septième je dois dire est une des symphonies de Beethoven que je préfère. Mais si vous ne les connaissez pas encore, les quatuors à cordes sont sublimes, particulièrement les derniers. Le Quinzième... et le Seizième. Oh, bien sûr, ils requièrent un intellect pointu. Mais voilà, avec l'intelligence, il ne faut jamais désespérer. La vôtre peut être rehaussée.
Stanley : C'est tout de même extraordinaire : j'ai bien dû humer ces fleurs une centaine de fois. Cependant jusqu'ici, je ne les avais jamais réellement humées.
Sophie : Oh que c'est triste. Tout le genre humain que vous prenez pour des balourds a humé ces fleurs, et vous laissées pour compte.
Stanley : Ah non ! Mais attendez. Ils en ont profité, certes, mais machinalement. Parce qu'ils n'ont pas réfléchi, ne serait-ce qu'une minute, à l'espèce de cruel contrat qu'ils semblent avoir signé : venir au monde, ne se rendre coupable d'aucun crime, et être condamné à mort. Notez bien que j'ai dit qu'ils semblent.
Stanley : Je toise votre comportement... Tel un grand homme qui toise les vilaines... peccadilles d'un pygmée. Vous êtes en toc ! Je n'aurais pas dû l'oublier. Je l'ai toujours su au fond de mon cœur. Mon seul regret c'est tout ce temps gaspillé avec vous.
Sophie : Là, franchement, vous devenez un vieux croûton suffisant. [...] On n'a fait de mal à personne.
Stanley : Ma réputation en pâtira. Vous m'avez fait passer pour un idiot.
Sophie : Votre réputation se résume à votre ego ! C'est vrai, c'est allé un peu trop loin, mais rien d'épouvantable n'est arrivé ! Vous avez été heureux, enfin ! Vous avez joui de la vie, pour changer ! Vous avez vu le monde comme les optimistes voient le monde. Et puis on a bien ri tous les deux. Alors bon, ne dites surtout pas que vous avez gaspillé votre temps avec moi. A la place, vous auriez fait quoi, cloîtré dans votre chambre ? Vous auriez battu les cartes devant un miroir ?
Stanley : Tout ce bel optimisme n'était qu'illusion.
Sophie : Eh j'ai commencé à lire le bouquin... le bouquin du philosophe allemand là, vous savez, celui que vous m'avez donné. Eh benh, bon, j'ai pas tout compris mais il a dit que pour vivre nous avons besoin de nos illusions.
Stanley : De vos mensonges.
Sophie : Mes mensonges, comme vous dites, vous en rendu bien plus heureux. [...] C'est pas moi qui ai inventé ça, hein. Je fais que citer ce monsieur... euh...
Stanley : Nietzsche.
Sophie : Et d'ailleurs, au bout du compte, qui peut démêler le vrai du faux ?
[...]
Stanley : Je ne m'abaisserai pas à poursuivre ce dialogue. J'irai voir tante Vanessa jusqu'à ce qu'elle soit remise sur pied et ensuite au revoir.
Sophie : Vous refusez de me pardonner ?
Stanley : Je ne puis vous pardonner. Seul Dieu peut vous pardonner.
Sophie : Mais vous dites que Dieu n'existe pas.
Stanley : C'est bien le problème, justement.
Stanley à sa tante : Rien de tel qu'échapper à un danger pour échapper à sa torpeur.
Stanley : On prend goût à la lecture des grands livres ?
Sophie : Oui, vous l'avez dit un jour : il n'y a pas de quoi désespérer pour ma cervelle.
[...]
Stanley : Je suis venu vous dire que, pour une raison que je ne m'explique pas, qui n'a aucun sens commun et dépasse l'entendement, j'ai récemment éprouvé comme un léger - fort léger au demeurant - mais perceptible - frémissement intérieur à la vue de votre sourire.
Sophie : C'est très magnanime de votre part.
Stanley : Je pensais bien que vous le verriez ainsi. Et vu que je suis doté d'une grande âme - non exempte de complexité - comme tout esprit élevé -, j'ai décidé de vous pardonner et de vous prendre sous mon aile.
Sophie : Sous votre aile ?
Stanley : Façon de parler. A l'évidence je n'ai pas d'ailes. Ce que je veux dire, c'est que, aussi inouï que cela paraisse, et ce n'est pas un petit geste vu le temps que vous m'avez fait perdre et l'humiliation que vous m'avez causée, je veux bien, je veux bien vous laisser revenir.
Sophie : Me laisser revenir, mais où ?
Stanley : [...] Il ne faut jamais suivre mes conseils, je suis un excentrique de haut vol !
Sophie : [...] Au bout du compte, vous avez quoi à m'offrir ? Des humeurs massacrantes, des insultes, du pessimisme permanent sur le thème de combien la vie est horrible pour nous tous ? [...]
Stanley : Ce que j'ai à vous offrir c'est une vie avec un génie débordant d'esprit.
Sophie : Je dois y aller.
Stanley : [...] Vous m'entendez, espèce d'empoisonneuse lilliputienne ? Vous fichez en l'air votre passeport pour le paradis !!
07:06 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : woody allen
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