mardi, 13 janvier 2015
Zemmour est pas couché
https://www.youtube.com/watch?v=SV4IK7yC56Y - 4 octobre 2014, France 2
Focus sur la 25e minute, il a trois mois.
Toute civilisation a toujours eu ses hommes au nez creux. Nous avons (re)appris la semaine passée - dans la stupeur et dans la plus grande douleur - que les trublions et autres poils à gratter en étaient : caricaturistes, dessinateurs, satiristes. Pourquoi donc a-t-on déjà oublié les intellectuels et les écrivains ? Je parle de ces individus qui ont le nez creux. Qui voient loin. Qui pigent avant les autres. Dont le cerveau est capable d’échafauder des cathédrales de pensée.
Nous avons en France, et ils ont amené leur travail jusqu'à vos librairies, à grands renforts d'interviews télévisées, Eric Zemmour et Michel Houellebecq. Quelques autres encore, bien sûr et fort heureusement. Et que faisons-nous de ces lumières offertes ? On les prend de haut, on s'en distancie, on s'en moque parfois ouvertement, quand on ne les agresse pas verbalement - comme une certaine Léa Salamé qui harcelait allègrement Eric Zemmour il y a trois mois, et ironie du sort, sur son ancien "lieu de travail" à On n'est pas couché, pour lui faire cracher le contenu de son bulletin de vote aux présidentielles passées ou à venir, tant qu'à faire, qui ne tente rien n'a rien, et il ne faut surtout se priver de rien.
Pardon, mais en France, le vote électoral est et doit rester secret - tout à fait au même titre que l'Etat est laïque et que la liberté d'expression est un droit fondamental.
Et voilà que sous notre nez à tous, une prétendue journaliste - plutôt une "présentatrice" me reprennent, effectivement à juste titre, des amis bienveillants - ne doit non seulement pas poser la question, mais quand bien même elle aurait malencontreusement bavé cette question du contenu d'un vote électoral, elle devrait se retenir et éviter de le faire trois fois. Tout de même, trois fois.
Son patron, en l'occurrence Laurent Ruquier, n'est intervenu que très mollement et pas dans le bon sens. Il ne rechigne en général pourtant pas à jouer les modérateurs dans son émission. Le seul qui a eu un peu de bon sens est Aymeric Caron, qui s'en est désolidarisé sans tarder. Le reste de l'assemblée alors présente est remarquable par sa communication non verbale : des regards atterrés émis de têtes inclinées. Une caboche affalée sur sa main. Sa voisine raide comme un piquet planté au mauvais endroit. Seul Michel Denisot se tient bien, sans doute parce que sa pensée à lui se tient bien elle-même et que son inconscient n'a rien à lui reprocher.
Léa Salamé, depuis le début de l'émission mais encore davantage à cet instant, vous aviez tout d'un ersatz de roquet en rut. Et regardez donc l'enfant gâtée que vous êtes qui se met à trépigner comme une star dans un palace parce qu'elle n'obtient pas sur-le-champ le joujou illégal demandé.
La carte de presse doit pouvoir lui être retirée pour faute professionnelle car les bornes de la légalité sont franchies. Son employeur a sa part de responsabilité s'il ne la recadre pas, au moins a posteriori. Aucun avocat ne veut s'en occuper ? Ça nous donnerait un bon cas pratique pour illustrer une limite, somme toute facile à établir, de la liberté d'expression : la loi.
Et dans deux générations, nous pourrons essayer de dépoussiérer l'éthique.
Jana Hobeika
> Pour ceux qui lisent le droit, voici une lecture datée de 2003 qui rappelle combien la démocratie est fragile et que le secret du vote en est un point essentiel. Il est intolérable qu'une présentatrice télé soit en première ligne d'un pareil bafouage.
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutio...
07:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
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