jeudi, 19 février 2015
Considérations sur la construction de soi - Jacques Salomé
La création de la voie lactée, Rubens
Extraits de Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui, Jacques Salomé, 1999, Les Editions du Relié :
pp 17 à 20
Toute démarche spirituelle ouvre d'abord à la purification et au dépouillement , invite au carême du cœur et au jeûne de l'âme. Si elle passe nécessairement par le renoncement aux illusions, elle ne nous dispense pas pour autant d'un travail d'archéologie personnelle, c'est-à-dire d'une interrogation sur notre histoire, nos fidélités, nos répétitions et nos legs. Elle ne nous évite pas l'économie d'une clarification de nos croyances, d'une exploration des pièges et des malentendus qui nous ligotent ou nous entravent dans notre relation avec autrui ou avec nous-mêmes. Elle s'appuie sur un travail d'apprentissage pour nous donner des repères fiables et des points d'ancrage fermes, pour nous aider à nous situer dans le dédale des multiples sollicitations de la vie contemporaine.
[...]
Car la soif de sens qui nous habite à certains moments de notre existence se méprend souvent et peut soit s'étancher à des breuvages juteux et pétillants, mais enivrants ou toxiques, soit se tarir dans des réponses abusives.
[...]
En même temps, toute démarche spirituelle fondée à la fois sur une aspiration à la transcendance et sur un besoin d'approfondissement nous accule au dénuement. Le risque encouru est celui d'un ébranlement et d'une rencontre douloureuse et bouleversante avec notre nudité psychique. Cette quête nous confronte à nos indigences affectives, à nos trop-pleins et à nos encombrements, à notre vacuité identitaire, au poids de nos certitudes, à nos faims et à nos failles, au dérisoire de nos valeurs, à nos vides et à nos carences en même temps qu'à nos béances et à nos monstres intérieurs, pour pouvoir déboucher - c'est l'espoir qui m'habite - sur une rencontre avec cette part de divin qui réclame sa réconciliation avec le tout.
Dans ces moments de déstabilisation durable ou transitoire qui caractérise tout changement, le recours à des repères valides et éprouvés est vivement conseillé et nécessaire, pour nous maintenir debout et ancrés dans notre axe. Des repères dignes de ce nom qui, sans dicter la marche à suivre, soient des balises pour le viatique du parcours, des lumières qui aident à rester sur la voie, sans empêcher pour autant la "queste" et le renouvellement des interrogations.
D'autant qu'autour de l'aspiration à l'élévation spirituelle rôdent des menaces : maladie d'idéalité, décollage pas toujours très contrôlé vers des états de conscience différents ou atterrissage forcé dans les sables mouvants du quotidien aseptisé. [...]
Que le chemin est long et parsemé d'embûches pour donner sens aux manifestations banales et imprévisibles de la vie, pour traverser les apparences, pour atteindre un accord ! Avant de pouvoir devenir soi-même source, il nous faudra naviguer à l'estime ou être guidé pour trouver la voie.
[...] Avant de parvenir à un clin d’œil d'éveil, nous aurons à parcourir toute une "itinérance"* qui va de la recherche de la vérité, avec le risque d'une appropriation, à la nécessité d'un dépouillement. Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au recevoir.
[...]
* Néologisme construit pour la circonstance à partir de itinéraire et errance.
Se procurer l'ouvrage :
Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui
Jacques Salomé
1999 (réédité en 2003)
Pocket Evolution, Les Editions du Relié
219 pages
http://www.amazon.fr/Courage-d%C3%AAtre-soi-mieux-%C3%AAt...
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Foi, Peinture, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (0)
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