jeudi, 06 novembre 2014
Michel H
Image du film "La lune dans le caniveau", Beneix
Extrait d' "Age tendre et têtes de noeud", Michel Hoëllard, le 15 septembre 2010, Stalker :
Source et pour le texte intégral : http://www.juanasensio.com/archive/2010/09/14/age-tendre-et-tetes-de-noeud-par-michel-hoellard1.html
[...]
Le suicidé est un mortel
Sociétal ; l’homosexuel
En est un autre ; le suici-
-dé est donc homo. Voilà du
«Supplément de sens» u-
Nique et facilement dandy !
Sûr que l’inverse marche moins.
Mais l’inverse… trop cornélien.
C'est vrai quoi : contempler
Incognito son propre mât à la remonte
En se demandant avec honte
Quel en sera le fier destin
Rappelle quand même un
Crime qu’il faut dûment châtier !
Même si le plaisir marin mariant
L’intime à l’équivoque ne va guère
Dans le sens de cet Âge du Fier
Qu’on nous chante continûment.
Passé ce Styx donc, des vigiles
Es zigounette y flairent, subtils
Sondages à l'appui, la frime contre
L’humanité qui justifiera post-mortem
La pauvre et belle malencontre
D’un cadavre avec son diadème.
Ils le contraignent donc en fonction
D’exhiber son vrai de vrai nom,
Sa singulière identité
Heureusement réhabilitée
Vers un tas d’amants de la lune
Guère plus morts qu’ils n’ont vécu
Et changeant de fosse commune
Sur la parole de faux-culs.
Là, pour une fois qu’un vilain mot
Tombe parfaitement à propos,
J’ose dire qu’instrumentaliser
Une zigounette qu’a pas cru
Bon de faire ce coming out
Dont les bigots épouvantés
Font leur beurre entre deux bouchées
Dans des raouts
Cher payés
Pour de vieux jus,
Est un procédé de crapules,
De dégoûtants glands sans scrupules.
Plus un recyclage de faussaires
Qu’une résurrection de la chair
Ou tiens : «révision», mieux à même
De décrire ces faces de Carême…
Que seraient en effet convenables
Ces sous-envies tendues de justice,
Ces introspections orientables,
Cette société pique-pubis,
L’indifférence de ladite,
Dieu et consorts,
Ce dérobé décor
Privé si, en rébellion,
(…genre de bite…),
D’aucuns n’écrasaient leur talion
Sur, même morte, une charmante
Frimousse plus jamais amante ?
…Toi, tu rêvais, ta moue bébête
Elle était plate – une raquette –
Et tu trouvais rien, t’étais bête
Et trop miché pour faire poète
Car oui, ô Narcisse en ta raie,
Ton zizi il est pas qu'à toi.
Non, non, trésor, ça serait niais.
D’aucuns jurent même sans émoi
Que ta bite par définition,
Est citoyenne à l'unisson,
Affaire éminemment publique,
Et sujette à leur diagnostic.
Quel fabuleux feu de bois dites,
Quel bienveillant satisfecit,
Quelle charge certaine et claquante
Et aucunement provocante.
Ce gars en interro de zob,
Il était pas encore homo.
Maintenant qu’il est mort zéro,
Ils vont se le décliner, snobs,
Et nous faire accroire qu’il l’était
Par définition … au rabais.
Y a-t-il jamais feu sans fumette…
(Suicidez-vous pas les bébés,
Droit à leurs méga-teufs courez,
Leurs Love-parades, leurs afters fun
Et la preuve : il y a plein de jeunes ! )
…Ou du Jéricho sans trompette ?
Hilfe ! Help ! Monsieur Genet,
T'es où ? Et ta Divine et ce gringalet
De Bill Burroughs ? Et H. Guibert
En chapeau rouge (ou était-ce vert ?)
Pauvre Lélian et Vio. Leduc
Qui rigolait dans ses perruques ?
Où, n’en quel pays,
Quelle féerie,
Quelle utopie,
Pasolini ?
Sûr qu'un minot que trouble sa testostérone
Autrement que par addiction au téléphone
Mobile ou aux réseaux sociaux, c'est à hauteur
Des anges qu’il faudrait l’installer, pour l’heure
Où sa nommable mais infinie boussole
Trouverait certainement un rab d’auréole
Authentique oui, mais débouchée,
Mille fois hélas, en suicidé
(Lequel disait-on hier, «en a»).
Je ne peux moi que regretter
Que ce bel acte digne de foi
Soit, à partir de présentement,
Inscrit au martyrologe blanc
Du parc «mœurs & coutumes»
Victimaires et sorti une
Fois de «l’indifférence générale»
Envers nos chances génitales.
En attendant la pertinence
D’une «prise en compte» de
Ministère, ni le gland
Rubicond dans son gant,
Ni la Fierté, ni le Sébastien toujours fléché
Dans la direction du Calvaire, ni même
La bête identité d'un blasphème
Qui squatterait, par temps de détresse,
Quelques fausses-fesses,
N'engagent phobie de l’Humanité.
Non, je le crois pas,
Le suicide-même y est contraire.
Solitaire, je veux, mais contraire.
Si d’aucuns voient mal, pigent pas tout,
Faudrait leur en gaver le mou,
Les empenner d’alléluias.
Entendons nous, à mettre ainsi
En parallèle la délation des gaudrioles,
L'outing de bénévoles
Savonarole et ce vice puni
Par les sortilèges du suicide,
Il est vrai qu’un pédé timide
Peut qu’être martyr dès bébé,
Et pétulant, festivalier,
Communautaire, public, équitable,
Adapté au monde, sociable
Et humanitaire avant tout,
Contre lui-même hein, et surtout
Contre sa pure identité
De sujet et, (il y a un «et»)
Qu’on m’excuse du peu : d’homme
Descendant d’une lignée ! Que Sodome
Désormais réunisse et le nom
Du coupable et sa rédemption
Sur les fonds baptismaux
D’une chouette parade techno.
Point n’est besoin d’ergoter la question,
Être victime suffit à ces bouffons
Et si, jaquette pressentie,
T’hésites à ton orientation et si
Par suite tu t'en poses des questions
Comme que tu serais peut-être bien giton,
Possiblement homo : alors, doux nœud, c’est
Que tu l’es ! T’es enrôlé tout clair & net
& en fait, plus jamais de souci sous ta couette !
…T’étais peinard, petit Mickey, mignon poète,
T’introspectais ta perle rousse
Au cœur bouclé de tes oreilles,
Tu déroulais de l’infini entre ta nuque et tes faux seins,
L’enroulant rose aux mammes vermeilles
Mais on t’a vu,
On t’a reconnu,
On savait que t’étais l’élu
En attendant l'avenir têtu.
…«Ma parole
Il est mort :
Il en est !
Au Marais,
Ma gondole !
Bout-dehors !»…
T’en fais pas, c’est fini. Ces escrocs pensent à toi
Qui t’habillent, les drôles, aux couleurs du zizi
Sans avouer, sacristains d’épidémiologie,
Qu’ils te tripatouillent dur, à fond, l’identité.
Mémento, mauvais rêve, personne plus jamais
Ne te rendra de compte. Ton néant est complet,
Il va booster leur cause, t’y livrer en héros
Qui sait pas trop grand-chose du faux déterminisme
Dont te voilà l’objet, gri-gri, vieux fétichisme
Et moi là, moi, je leur dis : bravo !
C’est pas toi, mon pétale
Mais leur rut final
Et si t’es révolu
Du côté purgatoire,
Charogne devenu,
Démodé d’urinoir,
Sache que toujours c’est cui
Qui l’est qu’on anoblit !
Tant pis pour toi minet-mignon
Mais maintenant que t’es très mort,
Que ton image copulative
Est émancipée, (aux archives),
Ils s’occupent de tout et ton nom,
Ils vont l’imprimer sans remords
Sur leurs mimis préservatifs
Bourrés de confettis créatifs.
Pense donc, ma beauté, si tu t’étais donné
Le droit de lire, de croire ou de te faire aimer
À quel effort de vivre aurait grimpé ta queue,
De quel brasier ton cœur serait devenu l’enjeu ?
Alors moi, je dénonce ici
Ces arrogantes antilopes
Pour qui ton suicide galope
Toujours au profit de l’ennemi :
Les homophobes,
Laids microbes,
Bachi-bouzouks
Ou contre-souque.
Qu’est donc suspect
Cet intérêt
Pour de peut-être pédés morts.
Dirait-on pas nécrophilie
D’atrabilaires croque-morts
Devant de jolis pissenlits ?
…Étalon idéal, tête cache-galère,
Immortel bambin, rêvons un peu veux-tu
Et viens à m’embrasser quand t’auras la matière
Pour conter comment c’est chez tes anges déchus.
Fatale mortalité ?
Mortelle fatalité ?
Mais vrai, tu vois, l’identité,
Ça chiale jamais en vain.
Et moi qui signe ça tiens,
Je sais pas si je l’ose
Tant t’as d’éternité,
Mais bon : je t’aime. C’est rien,
C’est dit… même pas en prose !
07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Politique & co | Lien permanent | Commentaires (0)
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