dimanche, 08 juin 2014
Nos yeux
Il est temps de quitter vos tombeaux
De sortir du sommeil de la nuit
D'aller vers la lumière acclamer le Dieu trois fois Saint
Crédits photographiques Elie Mehdi
5ème dimanche de Pâques, semaine du 18 au 24 mai 2014 :
"Accoutumer nos yeux", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy
Pour qui a déjà eu le privilège de passer la vigile pascale dans une abbaye qui a gardé le trésor du chant grégorien, un des joyaux de la tradition catholique, le premier Alleluia que les moines chantent alors n'éclate pas immédiatement comme une victoire, dans le son des trompettes et du cor. Il n'écrase pas tout de sa joie. Il s'élève d'abord lentement au cœur de la nuit, comme s'il sortait de terre, comme s'il était intimidé de faire entendre sa voix après le grand silence du Carême. L'Alleluia de Pâques semble surgir du tombeau, dans la douceur d'un matin où tout se réveille, où le Christ Roi se relève du sommeil de la mort. Il est d'abord comme un murmure, comme une question adressée au Père, comme un désir qui jaillit du dedans. Il s'élève dans une joie profonde, mais encore voilée, comme si l'homme hésitait encore à crier à pleine gorge.
Sur cette terre paradoxale, d'obscurité et de larmes, il nous faut apprendre à habituer nos yeux. On ne peut pas scruter tout de suite le visage du Ressuscité. Dans l'Evangile il n'apparaît d'abord que par une pierre roulée, des linges et des anges. Ce n'est qu'après tous ces signes qu'il se donne à voir, comme s'il voulait faire entrer ses apôtres dans une pédagogie de la vision.
Il faut d'abord lever les yeux sur le Crucifié, il faut d'abord entrer dans le tombeau vide pour reconnaître que le Christ est ressuscité. La foi n'est pas directement la pleine vision. Elle passe par des signes, car il nous faut habituer nos yeux à la grande lumière pascale, comme on fixe le soleil au sortir du sommeil. D'abord entrer dans l'obscurité du rocher avant de contempler la gloire de Dieu.
Parce que la foi ne s'impose pas, elle se propose, elle s'offre en tremblant comme un mystère, comme une flamme à travers la nuit, mais cette flamme est plus puissante que le pouvoir des ombres.
07:00 Publié dans Foi, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0)
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